Débat n Le chaâbi comme patrimoine immatériel était, dimanche, au c?ur d'une rencontre ayant regroupé les représentants de ce genre musical, comme Reda Doumaz et Abdelmadjid Meskoud. Les participants ont fait ressortir l'urgence de prendre en charge ce patrimoine musical. «Il y a urgence de le sauvegarder», ont-il lancé. Et d?ajouter : «Il est urgent de penser au chaâbi non en tant que simple expression musicale ou encore une belle évocation de La Casbah, mais comme un genre à part entière, ayant ses règles et surtout un avenir, donc le considérer comme un patrimoine qu'il est nécessaire de conserver.» En effet, les intervenants déplorent l?inexistence d?infrastructures chargées de le porter, le conserver et même le promouvoir à grande échelle. Ils déplorent également que des médias ? notamment la Télévision et la Radio ? ne diffusent que rarement des programmes consacrés au chaâbi. «Et lorsqu?il est diffusé, c?est à une heure très tardive, lorsque tout le monde dort», s?indignent-ils. «Les médias doivent faire l?effort de le soutenir.» A partir de la question sur l'état actuel du chaâbi, Réda Doumaz s'interroge : quel est l?état actuel de la culture ? «Pour que le chaâbi retrouve réellement sa place, il faut qu?il y ait, au préalable, une culture musicale.» «L?oreille, ça s?éduque», s?accordent-ils à dire. D?ailleurs ils mettent l?accent sur la nécessité de mettre en place une vraie politique culturelle chargée de conserver et de promouvoir le patrimoine culturel, matériel et immatériel. En outre, l?absence d?une école nuit à l?avenir de ce genre musical car sans écoles qui peuvent l?enseigner, le perpétuer et donc former la relève, le chaâbi ? qui est un héritage oral ? risque de disparaître. Concernant la situation actuelle notamment avec l'avènement d'un certain «néo-chaâbi», visant à apporter une modernité et une souplesse dans les textes et les musiques, l'ensemble des présents, à savoir Kamel Bourdib, Abdelmadjid Meskoud, Mustapha Yaness, Réda Doumaz et Abderezzak Guenif, ont estimé qu'il «n'y a aucun risque majeur causant une déperdition du patrimoine chaâbi» car, selon eux, cette musique traditionnelle populaire «fait partie de la vie des Algérois». La majorité des interprètes présents désapprouvent l'appellation «néo-chaâbi», a-t-on remarqué, mais ils ont estimé qu'il faudrait laisser les fervents de ce style faire leurs preuves sur la scène artistique, afin d'avoir la possibilité de l'apprécier ou de le rejeter. Il est à souligner qu?un colloque est prévu le 16 mai et ce, dans le cadre des festivités du Mois du patrimoine, au théâtre de verdure (El-Aurassi) et sera consacré au chaâbi. Cette rencontre ouverte au public regroupera d?éminents spécialistes et chercheurs nationaux qui exposeront les résultats de leurs recherches et se pencheront sur les questions d?actualité que soulève la notion du patrimoine immatériel en Algérie.