Largesses Abderrahim D. la trentaine, au corps frêle, mais à la moustache fournie, souffre à la barre face au jeune Kamel Sidi Moussa, le juge au tribunal correctionnel de Sidi M?hamed (Alger). Il souffre d?autant plus qu?inculpé de non-paiement de pension alimentaire et devant près de trois millions de centimes à son fils qu?il n?a pas vu depuis plus de six mois? «J?étais malade durant trois mois?», dit l?inculpé libre qui est vite stoppé net par Sidi Moussa, le président. «Vous faites cette précision pour m?insinuer qu?étant malade, donc alité, donc inactif, donc non travailleur. Et voilà comment on compte se soustraire à une condamnation», tonne le magistrat qui ne néglige pas l?état psycho-physique de Abderrahim. Ce dernier tient à la barre, tant il va lâcher. Il sait ce qui l?attend en cas d?une décision allant dans le sens de l?application de la loi. Il tente une énième fois de sensibiliser le juge. Il réévoque son fils que l?ex garde en otage. «Pourquoi ne rendez-vous jamais visite à votre bambin même si la loi ne punit pas ce ratage ?» demande le président qui obtient la même réponse : «Elle n?est jamais chez elle.» Puis le juge s?engage sur une autre voie : celle où il demande à Aberrrahim pourquoi il ne prenait pas la peine d?aller remettre l?argent à son enfant via son ex-épouse, accompagné d?un huissier. «La réponse est toujours qu?elle ne se trouve jamais à l?adresse connue de la section pénale et de l?inculpé». Le président a envie d?en finir avec cette «sardine savonnée» et ordonne le renvoi au 12 octobre 2003 : «D?ici à là, vous allez tout entreprendre pour retrouver le logis où se terre votre ex, lui remettre toute la somme due et revenir pour rendre compte», siffle le juge.