Ecran noir Le milieu du cinéma iranien fait l?objet de «persécutions» des autorités ; elles se sont traduites par des arrestations entreprises par la police des m?urs. La justice conservatrice affirme que le milieu du cinéma est corrompu et que de son devoir est d?intervenir pour «désintoxiquer» ce métier et le maintenir conforme aux lois islamiques en vigueur dans ce pays. Ce jugement est intervenu suite au scandale provoqué par le port négligé du foulard par le public féminin lors d'un festival qui s?est tenu dernièrement à Téhéran. «Lorsque le ministère de la Culture (réformateur) ne fait rien pour nettoyer le milieu culturel de ses membres indignes, l'appareil judiciaire n'a d'autre devoir que d'agir pour désintoxiquer l'espace culturel des éléments corrompus», affirme le communiqué du parquet de Téhéran publié lundi par les journaux. Le directeur du festival de cinéma, Abolhassan Davoudi, a été interpellé et arrêté par la police des m?urs et aussitôt placé en soins intensifs à cause de problèmes cardiaques survenus lors de son interpellation. D?autres responsables du festival ont été, eux aussi, arrêtés. Ces arrestations sont intervenues à la suite de protestations d'extrémistes islamistes contre la présence de femmes ne portant pas convenablement le voile islamique lors de la soirée de remise des prix du festival du cinéma, sorte de cérémonie des Oscars à l'iranienne, le 14 septembre. Pour justifier de tels actes, le parquet affirme que «lors de la cérémonie, on a assisté à de nombreuses insultes proférées contre les règles sacrées de l'islam et à la propagation de l'immoralité». La presse conservatrice a publié, pour s'indigner, de nombreuses photos de femmes très maquillées laissant dépasser leur chevelure du foulard, portant des manteaux très serrés et des pantalons courts arrivant au mollet. Le parquet souligne que «ces actes ont été commis délibérément» et «malheureusement, le vice-ministre de la Culture chargé du cinéma et d'autres responsables présents à la cérémonie ont approuvé, par leur mine réjouie, ces actes abominables et insultants». De son côté, le ministre de la Culture, Ahmad Masjed Jameie, a pris la défense des cinéastes iraniens «qui ont brillé sur la scène internationale» et demandé que l'on ne «remette pas en cause le cinéma iranien pour un délit qui s'est produit en marge d'une cérémonie». Quant au président réformateur Mohammad Khatami, il a exprimé son émotion et s?est inquiété que de telles brimades ne poussent les artistes et les intellectuels à l'exil. Il est à rappeler que l?un des grands noms du cinéma iranien, le réalisateur Jafar Panahi, avait récemment affirmé se demander s'il ne serait pas forcé de renoncer à son art en raison de la censure dans son pays.