Après l'Irlande (2005), le Liban (2007) et la Suisse (2008), c'est au tour du cinéma iranien de se faire inviter au Festival du cinéma du film amazigh qui se tient depuis samedi à Sidi Bel Abbès. Lors d'une conférence de presse animée hier, la réalisatrice et chef de la délégation iranienne, Katayoon Shahabi, a particulièrement insisté sur le dynamisme qui caractérise la production cinématographique iranienne ces dix dernières années. « La singularité de notre cinéma est qu'il s'intéresse en premier lieu aux relations humaines et se tient loin des questions éminemment politiques », a-t-elle tenu à préciser. Selon elle, si le cinéma iranien continue à fasciner de nombreux cinéphiles et critiques, c'est parce qu'il s'efforce de « porter un regard différent sur le monde en traitant de façon radicalement différente, esthétiquement et éthiquement diverses questions humaines ». Pour appuyer ses dires, Shahabi dévoile que 90 longs métrages, 2500 documentaires et 250 téléfilms sont réalisés annuellement en moyenne, par les cinéastes iraniens. Le secret ? « Après la révolution iranienne, il fallait reconstruire les salles de cinéma, mettre en place des réseaux de diffusion et encourager le cinéma indépendant ; mais surtout se faire un public et répondre à ses besoins culturelles », explique-t-elle. « Le cinéma en Iran est prospère, c'est comme le foot », lâche Mehrdad Rassoulof, jeune réalisateur devant les nombreuses sollicitations des journalistes visiblement curieux d'en savoir plus sur un cinéma qui se fraye un chemin dans de nombreux festivals dans le monde. Battant en brèche l'idée d'un cinéma « politiquement correct », la cinéaste, Bani Etemad, a estimé que l'essor cinéma iranien « a été porté par une élite animée par un fort sentiment de responsabilité envers sa société ». « Les plus grands cinéastes iraniens n'ont jamais compté sur l'aide de l'Etat pour réaliser leurs films, même si l'aide des pouvoirs publics fut déterminante, notamment sous le gouvernement de Ali Khamenei. En vérité, la notoriété acquise par le cinéma iranien n'est que le reflet des désirs d'émancipation de la société », ajoutera-elle. D'ailleurs, l'Iran est le grand vainqueur des festivals de l'année 2008, y compris à Cannes. « C'est le signe d'une renaissance internationale du cinéma iranien qui s'est affirmé depuis 5 à 6 ans, de même un signal politique fort d'un pays qui reste fier de sa richesse artistique et culturelle », ont fait remarquer les organisateurs du festival, en marge de la conférence de presse. Lors de cette 9e édition du Festival du film amazigh, qui se tient du 11 au 15 janvier, huit œuvres cinématographiques perses sont sélectionnéees dont quatre concourront pour l'une des trois distinctions de cette manifestation culturelle, à savoir l'Olivier d'or, le Taghit d'or et l'Ahaggar d'or. Il s'agit de Son Of Myriam, réalisé par Hamid Jebeli, Gilaneh de Rakhshan Bani Etemad, Gradually de Mariar Miri, Iron Island (Jazireh Ahani) de Mohamed Rasoulof, Butterfly In The Wind de Abbas Rafei, It's always Late for freedom de Mehrdad Oskouei, The red card de Mahnaz Afzali, A few day later de Niki Karimi.