Ras-le-bol n La superficie consacrée à la culture de la pomme de terre sur le périmètre d'irrigation de la commune de Zouabi (Souk Ahras) est passée de 1 000 hectares à 175 hectares ! C'est ce que nous apprenions récemment de la Direction des services agricoles (DSA). Et il ne faut pas aller chercher loin l'explication à cette situation. A l'instar d'autres agriculteurs dans d'autres régions du pays, il ne fait plus bon produire de la pomme de terre. L'instabilité des prix du tubercule a en effet conduit les producteurs à abandonner sa culture remplacée par celle de la pastèque «financièrement moins coûteuse, techniquement peu exigeante et commercialement plus rentable», explique le chef du service de production et soutien agricole de la DSA, Mohamed Hamza Kamel. Les pouvoirs publics ont investi considérablement dans l'aménagement des périmètres d'irrigation agricoles pour être exploités dans les cultures stratégiques dont celle de la pomme de terre, a relevé le même cadre estimant que des mécanismes incitatifs et de régulation doivent être mis en place pour inciter les agriculteurs à la culture des produits stratégiques. La culture de la pomme de terre a été toujours pratiquée dans la région et son développement est placé en tête des priorités du secteur, souligne le même cadre de la DSA qui a organisé des stages de formation et de sensibilisation sur la culture de ce tubercule. Le chef du service production de la DSA a également plaidé pour intégrer la culture de la pomme de terre au crédit Rfig pour permettre aux cultivateurs d'accéder au financement nécessaire à l'acquisition des semences, de fertilisants et produits de désherbage. De son côté, le secrétaire général de la Chambre de wilaya de l'agriculture, Youcef Araar, a exhorté l'Office national d'irrigation et de drainage (Onid) à empêcher la culture de la pastèque sur les périmètres en question et y favoriser les cultures stratégiques. Durant la saison écoulée, la wilaya a produit 98 000 quintaux de pomme de terre sur 350 hectares. Cette quantité a été jugée bien en-deçà des capacités de la wilaya. Face à ce véritable gâchis, le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, a mis en place un certain nombres de mesures afin, indique-t-il, de stabiliser le marché et soutenir les agriculteurs qui vendent à perte leur production. Et parmi les urgences, le paiement des agriculteurs qui ont participé à l'opération de stockage de leur production de pomme de terre de saison (juin 2015), livrée à l'entreprise publique d'entrepôts frigorifiques Frigomedit qui devait, à l'origine, assurer ce payement. L. S. Agriculture : croissance de 7,5% en 2015 l Selon le bilan provisoire de l'année agricole, octobre 2014-octobre 2015, le secteur agricole a enregistré une croissance annuelle de 7,5% en 2015 contre 1% en 2014, avec une production d'une valeur de 2 900 milliards de dinars pour les produits agricoles et de 46 milliards de dinars pour la pêche et l'aquaculture, Selon les chiffres du ministère de l'Agriculture. Abordant la stratégie de son secteur pour les prochaines années, le ministre du secteur, M. Ferroukhi table sur des objectifs «plus précis» à concrétiser dès 2016 pour certaines filières. L'Algérie qui produit la totalité de ses besoins en pomme de terre de consommation, se fixe, selon le ministre, l'objectif de devenir autosuffisante en matière de semences de ce tubercule. Par ailleurs, M. Ferroukhi a avancé que sur le quinquennat 2015-2019, il est visé un taux de croissance moyen de 5%, la réalisation d'un million d'hectares en irrigué, porter la couverture forestière à 13% contre 11% actuellement, créer plus d'emplois et s'inscrire à l'exportation dans certaines filières. Selon lui, les pouvoirs publics vont encore soutenir la mécanisation spécialisée comme les tracteurs, le matériel d'accompagnement, les planteuses-arracheuses, les pulvérisateurs et les moissonneuses-batteuses. Il s'agit d'atteindre, d'ici 2019, un taux de mécanisation d'une moissonneuse-batteuse pour 300 ha (contre 400 ha actuellement) et un tracteur pour 70 ha contre (contre 100 ha). L. S. Sécuriser le marché de la semence l Autres mesures que le gouvernement promet de mettre en œuvre : la sécurisation du marché de la semence de pomme de terre en prévision de la saison prochaine. Ainsi, 170 000 tonnes de semence dont 70 000 tonnes produites localement sont disponibles, alors que d'autres achats de certaines variétés spécifiques peuvent êtres programmées prochainement pour certaines zones tardives ciblées. C'est dans ce sens que le ministre en charge du secteur, Sid-Ahmed Ferroukhi, a réuni, début janvier, le Conseil national interprofessionnel de la filière pomme de terre (Cnifp) pour informer les professionnels des mesures prises par le Conseil interministériel ainsi que des modalités de leur mise en œuvre. Les deux parties ont également discuté de la nécessité d'encourager l'exportation de l'excédent de la production de pomme de terre et d'inciter la mise en place d'une industrie de transformation en collaboration avec le secteur de l'industrie. Un groupe de travail regroupant des responsables du ministère et des membres du conseil interprofessionnel a été installé pour proposer un plan d'action 2016-2019 et une feuille de route à l'effet de moderniser et de relancer durablement la filière. Le plan d'action doit être conçu autour d'objectifs bien précis pour atteindre, d'ici à 2019, une production de six millions de quintaux et devenir autosuffisant, notamment en semence de pomme de terre en passant par l'amélioration des techniques de production et l'encouragement de la mécanisation.