Constat n Les raids américains menés hier vendredi, en Libye pourraient davantage compliquer les choses dans ce pays où la formation d'un gouvernement d'union nationale et loin d'être acquise. Quoi qu'il en soit, l'envoyé spécial des Nations unies en Libye, est formel. Martin Kobler, a en effet, exprimé sa conviction que «le moment n'est pas indiqué pour mener des raids aériens par la communauté internationale contre l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI, Daech) en Libye». Dans un entretien accordé mercredi dernier, à l'agence de presse allemande DPA, M. Kobler a émis des craintes par rapport aux raids aériens contre Daech, qui peuvent, a-t-il dit «anéantir les efforts déployés pour la formation du gouvernement d'union nationale» dans le pays. «Ce qui est important, c'est de ne pas mettre la charrue avant les bœufs, en d'autres termes, entamer des raids aériens à un moment sensible», a estimé M. Kobler, soulignant que «pour combattre Daech, il ne suffit pas seulement de lancer des bombes». L'envoyé spécial des Nations unies a indiqué que «la pression militaire internationale intense sur Daech en Syrie et en Irak va pousser davantage de combattants étrangers à se diriger vers la Libye». Il a souligné qu'«entre 70 et 80% des combattants des milices présentes actuellement en Libye» étaient des étrangers et que «95% du peuple libyen veulent l'exécution de l'accord politique». Le vote par le Parlement, reconnu internationalement, d'un nouveau gouvernement d'union nationale, prévu par un accord interlibyen conclu le 17 décembre 2015 sous l'égide de l'ONU, interviendra mardi prochain, après plusieurs reports. L'annonce de ce gouvernement est une «opportunité unique» qu'il faut saisir, pour sortir le pays du chaos dans lequel il se trouve depuis la chute d'El-Gueddafi, selon l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, qui s'efforce de trouver un règlement politique à la crise libyenne, soutenu par la communauté internationale notamment les pays voisins dont l'Algérie. Les Libyens sont impatients d'avoir un nouveau gouvernement capable d'assurer le règlement de la crise dans un pays divisé et menacé par l'expansion de groupes terroristes notamment l'Etat islamique (EI,Daech), Depuis, la situation en Libye ne cesse de se dégrader sur les plans politique, sécuritaire, économique et humanitaire. Aujourd'hui, le pays est fragmenté avec deux gouvernements rivaux : le premier à Tobrouk (est), reconnu par la communauté internationale et le deuxième à Tripoli soutenu par des milices. De nombreux défis attendent le futur gouvernement libyen alors que la communauté internationale est de plus en plus préoccupée par l'absence d'un pouvoir central dans ce pays. R. I. / Agences Les Libyens informés l Le Département américain de la Défense a affirmé vendredi que le gouvernement libyen a été informé à l'avance de la frappe militaire américaine contre un camp d'entraînement de Daech près de Sabratha. S'exprimant lors d'une conférence de presse, le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a déclaré que le raid aérien a été mené «conformément au droit national et international, et des représentants du gouvernement libyen ont été informés de l'attaque à l'avance». Selon lui, «la frappe a été autorisée par le président Barack Obama, sur la base des recommandations qui lui ont été transmises par le secrétaire à la Défense, Ashton Carter». Le porte-parole du Pentagone a précisé que ce camp d'entraînement, dans lequel se déroulait une formation, «a fait objet de surveillance pendant plusieurs semaines de la part des forces américaines», relevant qu'«une soixantaine d'éléments entre chefs et stagiaires» s'y trouvaient. Il a affirmé qu'ils avaient pris action contre Sabir et le camp d'entraînement après avoir confirmé que lui et les terroristes de Daech «projetaient de mener des attaques contre les Etats-Unis et contre d'autres intérêts occidentaux dans la région». Le porte-parole a avancé l'existence d'autres camps d'entraînement de Daech en Libye que le Pentagone est en train de surveiller de près, en indiquant que l'armée américaine allait agir au «moment opportun» pour arrêter l'expansion de cette organisation terroriste en Libye. Le message l Entreprendre des bombardements en Libye ne marque pas un changement fondamental de stratégie militaire, l'intérêt étant avant tout d'envoyer aux djihadistes le message qu'ils ne «peuvent pas gagner», où que ce soit, et qu'ils feraient mieux de quitter les rangs de l'EI, estime Jon Alterman, directeur des programmes pour le Moyen-Orient au Center for Strategic and International Studies. Pour cet expert, les Etats-Unis devraient concentrer leurs efforts sur une solution diplomatique à la crise profonde dans laquelle est plongée la Libye, terreau de l'implantation de l'EI. Sinon, prévient-il, «vous finissez par avoir une stratégie militaire plutôt qu'un effort diplomatique efficace parce que l'effort diplomatique semble trop difficile (tandis que) l'effort militaire est relativement plus simple».«Le danger grandissant», explique M. Alterman, «est que les bombardements servent de prétexte pour ne pas mettre en place les politiques fortes qui sont nécessaires». L'EI gonfle ses rangs l Au moment où la coalition internationale remporte des succès en Irak et en Syrie, de nombreux combattants viennent gonfler les rangs de l'EI en Libye, originaires pour la plupart de la Tunisie voisine. D'ailleurs, Noureddine Chouchane est soupçonné d'être derrière deux attaques en 2015 en Tunisie revendiquées par l'EI qui avaient choqué la communauté internationale : contre le musée du Bardo à Tunis en mars (22 morts) et sur une plage et dans un hôtel près de Sousse en juin (38 morts). Ce cadre de l'organisation ultra-radicale a été la cible d'un bombardement car lui et les autres combattants du camp «préparaient des attaques contre des intérêts américains et ceux d'autres pays occidentaux dans la région», selon le porte-parole du Pentagone, Peter Cook.