Depuis plusieurs mois, des militaires américains se rendent en Libye pour établir un contact avec les groupes armés locaux et leurs leaders en prévision d'une éventuelle campagne militaire contre l'organisation terroriste Etat islamique (ou Daech) sur le territoire du pays, écrit le Financial Times. Mardi dernier le New York Times rapportait déjà que le Pentagone recueillait des informations en Libye et élaborait des plans pour ouvrir un troisième front dans ce pays en plus de la Syrie et de l'Irak. Les sources du journal déclaraient qu'une campagne militaire pourrait être lancée "très prochainement" en Libye sous la forme de "frappes aériennes et d'opérations limitées des forces spéciales américaines". Selon le Financial Times, le Pentagone a confirmé mercredi que les Etats-Unis réfléchissaient à une nouvelle campagne contre Daech en Libye, craignant que les terroristes élargissent le territoire qu'ils contrôlent. Le porte-parole du Pentagone Peter Cook a déclaré que Washington étudiait "des scénarios militaires en Libye en cas de renforcement de la menace terroriste émanant de Daech". La reprise des discussions à ce sujet fait suite aux agissements des terroristes de Daech ces dernières semaines les islamistes, qui contrôlent déjà une grande partie du littoral autour de Syrte, ont tenté de prendre plusieurs sites pétroliers en Libye près de Ras Lanouf en les bombardant avec des armements lourds.
Possibilité d'empêcher la formation d'un gouvernement d'unité nationale Cependant, la mise en œuvre de ces plans pourrait être empêchée par les mises en garde de dirigeants occidentaux, qui avertissent qu'une intervention militaire étrangère perturberait la création d'un gouvernement d'unité nationale en Libye. Les USA ont déjà effectué au moins une frappe aérienne en Libye: en novembre 2015 le Pentagone avait annoncé que l'attaque avait permis d'éliminer l'un des leaders de Daech, l'Irakien Abou Nabil, alias Wissam Nadjm Abd Zayd al-Zubaidi. Selon les services secrets, l'organisation Daech en Libye compterait actuellement près de 3.000 hommes. Le journal Asharq al-Awsat a récemment annoncé l'arrivée de militaires russes, américains et britanniques avec l'accord des autorités locales. On a appris également que des spécialistes étrangers consulteraient les militaires et les agents libyens qui combattent Daech. En décembre 2015, la presse avait également découvert des forces spéciales américaines dans une base militaire libyenne, mais le Pentagone avait déclaré qu'il s'agissait d'une "brève visite pour participer aux négociations avec des représentants de l'Armée nationale libyenne". Une source haut placée du Pentagone a déclaré au Financial Times que la semaine dernière, les ministres de la Défense des USA et de plusieurs pays européens participant à la coalition internationale pour la lutte contre Daech avaient été informés de la situation en Libye, tout en soulignant que les plans concrets d'intervention militaire dans ce pays n'avaient pas encore été évoqués. La situation en Libye reste tendue depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. La dualité du pouvoir dans le pays a perduré jusqu'à la fin de l'été dernier: il était revendiqué d'une part par le premier ministre Abdallah al-Thani et le parlement, qui avait remporté les élections et siégeait à Tobrouk, et d'autre part par le congrès général national siégeant à Tripoli avec son premier ministre islamiste Omar al-Hassi. Al-Thani a annoncé sa démission en août et un accord a été trouvé en octobre sur la formation d'un gouvernement d'unité nationale dirigé par Fayez al-Sarraj, architecte de formation. La composition du gouvernement a été définitivement choisie le 19 janvier 2016 avec la participation de l'Onu, mais lundi dernier le parlement libyen a refusé de le reconnaître.