Es discussions entre Américains, Français, Italiens et Britanniques se font de plus en plus denses, a reconnu jeudi la ministre italienne de la Défense dans une interview. Le dilemme: comment contrer la progression de Daech sans heurter les Libyens, qui n'arrivent pas à mettre en place un gouvernement d'union nationale. L'hypothèse d'une opération militaire en Libye devient de plus en plus concrète. Dans un entretien au quotidien italien Il Corriere della Sera, la ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti, a notamment fait état de discussions de plus en plus poussées concernant la possibilité d'une intervention internationale. "Au cours du mois écoulé, nous avons travaillé d'une manière plus diligente avec les Américains, les Britanniques et les Français", a précisé la ministre. "Il y a un travail plus concret de rassemblement d'informations et de formulation de plans possible sur la base des risques prévisibles", a-t-elle expliqué, tout en soulignant: "Nous sommes tous d'accord sur le fait que nous devons éviter une action non-coordonnée". Quant aux temps d'une telle intervention, si la ministre italienne estime que "nous ne pouvons pas imaginer de faire passer le printemps avec une situation encore dans l'impasse en Libye", elle a toutefois exclu toute "accélération", surtout "unilatérale". Une vacuité du pouvoir qui mine le pays L'incapacité des Libyens à s'entendre rapidement sur la constitution d'un gouvernement d'union rend pour le moment impossible la formulation d'une demande d'intervention formelle. Depuis 2014, la Libye compte en effet deux gouvernements et deux parlements concurrents, les premiers installés à Tripoli et les autres -reconnus par la communauté internationale- basés dans l'est du pays. Une proposition des Nations unies pour constituer un gouvernement unifié a été rejetée cette semaine par le parlement libyen. Daech profite de ce vide de pouvoir Après avoir pris le contrôle de Syrte, il a multiplié ses attaques ces derniers mois contre les terminaux pétroliers de la côte. Les Occidentaux craignent que les pertes enregistrées par l'organisation en Iraq et en Syrie la poussent à se concentrer davantage sur le front libyen. La crainte de faire le jeu des djihadistes Cependant, selon Roberta Pinotti, la réunion des ministres de la Défense des Etats en lutte contre l'Etat islamique (EI) la semaine passée à Paris a débouché sur "un accord total" sur la nécessité que ce soit un "gouvernement opérationnel" en Libye à solliciter une aide extérieure. "Nous ne devons pas fournir d'arguments à la propagande jihadiste, qui aurait intérêt à présenter toute action comme une invasion occidentale". "Le parcours de la coalition suit les temps du procès politique et se prépare à fournir le type d'aide que les Libyens ont déjà indiqué préférer: une protection du gouvernement quand il s'installera à Tripoli, une formation et un entraînement", a-t-elle ajouté, en précisant que si l'Italie et ses alliés évaluent "les nécessités en cas d'urgence", "personne ne pense qu'une telle accélération puisse avoir lieu par une décision militaire qui ne soit pas partie d'une décision politique". Obama demande de «poursuivre les efforts» contre Daech Certains éléments pourraient toutefois faire croire que les Etats-Unis soient plus pressés. Mercredi, Peter Cook, porte-parole du Pentagone, a annoncé que Washington a envoyé un "petit nombre de personnels militaires" en Libye pour essayer "d'engager des discussions avec les forces locales afin d'avoir une image plus claire de ce qui se passe". "Nous examinons des options militaires", a-t-il poursuivi, selon la transcription de ses déclarations devant la presse publiée sur le site du département de la Défense rapportée par Reuters. La Maison Blanche a déclaré dans un communiqué "Le président a demandé à ses conseillers à la sécurité nationale de poursuivre les efforts pour renforcer la gouvernance et soutenir les opérations antiterroristes en Libye et dans d'autres pays où l'EI cherche à s'implanter". Le même jour, selon Reuters, le secrétaire à la Défense, Ashton Carter, avait déclaré lors d'une conférence de presse que l'EI mettait en place des camps d'entraînement en Libye et y accueillait des combattants étrangers, comme il l'a fait en Irak et en Syrie ces dernières années.