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Une structure, une mission
Publié dans Info Soir le 21 - 06 - 2016

Présentation n Relevant de l'Etablissement public de santé de proximité (Epsp) de Bou Ismail, le Cisa, portant le nom du martyr Boualem Djed, se situe à Fouka.
Il compte parmi les 35 centres déjà fonctionnels sur les 53 centres intermédiaires de soins en addictologie prévus  à l'échelle nationale et 16 centres de désintoxications en milieu hospitalier prévus dont 2 actuellement fonctionnels à Blida et Oran selon Dr Hamani. Le Cisa apparaît comme un 1er édifice qui participe au développement de larges programmes de prévention, de projets thérapeutiques en ambulatoire et de projets de réinsertion sociale pour les personnes souffrant d'une addiction aux substances psychoactives «en attendant un autre défi, celui des addictions comportementales». Le Cisa compte à son actif une équipe multidisciplinaire composée de médecins généralistes (examens de contrôle et de dépistage par les narcotests urinaires), des psychologues, une infirmière, une sociologue pour l'accompagnement social, une conseillère juridique, une conseillère en communication et une ergothérapeute. Cette dernière chapeaute un travail individuel ou de groupe par des activités de réadaptation à la vie sociale, une approche complémentaire à travers des activités éducatives et socio-thérapeutiques. Ainsi, la personne concernée est accueillie par l'équipe tout autant que sa famille dans le cadre d'une thérapie de groupe. Une analyse et un bilan de situation et une évaluation médicale globale sont faits avant le lancement d'un programme de soins adapté aux besoins de chaque patient dans le concept d'un projet thérapeutique. Certains toxicomanes étaient condamnés par des psychiatres. Mais ils se sont rétablis. Par ailleurs, le Cisa dispense des séances d'ergothérapie à ces jeunes en difficulté pour retrouver leur autonomie. Toute personne «addicte» de la substance est dépendante et ne peut exercer des activités quotidiennes d'une manière autonome «une fois stabilisé sur le plan consommation, le patient passe vers sa participation dans des ateliers en acti-vités individuelles ou en groupes pour la réadaptation à la vie sociale», nous a expliqué  Rima Bouyacoub, ergothérapeute de santé publique au sein du Cisa lors de notre visite dans ces ateliers. «Nous avons l'expression, les activités manuelles et artisanales (macramé, mosaïque, vannerie), des acti-vités de développement des compétences sociales. On favorise généralement les activités de groupe pour l'échange d'expériences. Ce qui motive le plus les patients à marcher avec le processus thérapeutique», a-t-elle précisé. Les travaux manuels  stimulent sur le plan cognitif, sensoriel, moteur et affectif pour aider le patient à extérioriser sa souffrance et ses sentiments. D'autres activités aident au développement de l'autonomie comme la cuisine et le jardinage où le patient est va la rencontre des belles couleurs de la nature et apprécie les moindres détails qu'il ne voyait pas auparavant. Néanmoins, le manque d'espaces d'expression, d'information et de compétences pouvant répondre à la problématique de l'addiction et aux préoccupations cliniques est fortement noté selon le constat de Dr Hamani. Il parle aussi d'une législation souvent décalée en rapport à l'évolution de la société et des connaissances scientifiques. 
S.L
«Mon fils passe son bac»
l Au bout seulement de la deuxième séance de son fils Salim, Fatiha d'Alger se sent déjà réconfortée de se retrouver face à un staff de professionnels et également des mères qui sont mobilisées depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, «C'était la guerre mondiale entre mon fils et mon mari», nous dira-t-elle en marge d'un groupe de parole. Pilier du processus de guérison rapide de son fils après 7 mois de traitement, Fatiha est venue avec une grande pression psychologique ce jour-là «mon fils passe son bac aujourd'hui. Priez avec moi svp», a-t-elle lancé «Il a été récupéré grâce à ce centre en l'espace de six mois de suivi», a-t-elle rassuré les femmes «je remercie Dieu et vous Dr Anteur. Mon fils touchait le fond. Au début je le voyais mourir. Tout était perdu pour moi. Tout a basculé chez moi. J'ai changé et perdu le goût à la vie. Mon fils est revenu à la vie el hamdoullah » nous a-t-elle souligné. Le grand mérite revient au Cisa, selon elle «Dr Anteur a fourni beaucoup d'efforts avec mon fils et mon mari qui ne s'entendait pas avec lui. J'ai passé de dures épreuves, des guerres et des aventures avec les deux», disait-elle. 
S.L
De la volonté à revendre
l Samia quant à elle a fait le buzz lors d'un groupe de parole entre mamans de toxicomanes en cours de traitement. Avec son long témoignage, elle a créé une grande énergie positive chez ces femmes «Prenez- vous en main et prenez la main de vos enfants. Battez-vous contre ce mal qui ronge vos enfants et vous ronge à petit feu vous aussi" a-t-elle crié. Cette maman de 3 enfants est divorcée. Elle a réussi à accompagner son fils toxicomane, en phase de rémission aujourd'hui "el hamdoullah grâce à ce centre mon fils va beaucoup mieux. Il a fait des stages et ne compte plus renouer avec la drogue" a-t-elle enchaîné. Samia est retraitée de l'enseignement à la wilaya de Tipasa, divorcée après 30 ans de mariage. Elle a réussi à transmettre aux autres ses ondes positives « il ne faut jamais baisser les bras et rester à pleurnicher dans un coin. Il faut impérativement prendre en main la situation. Avec un rien ou un peu on peut faire un tout » et d'ajouter « malgré mon niveau d'instruction je voyais tout jeune drogué comme un voyou et un non éduqué. Si je n'avais pas découvert ce centre j'aurais fait du mal à mon fils. Heureusement que j'ai appris comment me comporter avec lui. J'ai tellement appris la psychologie que maintenant je joue à la psy avec les mamans que je rencontre ». 
S.L
«Je me marie après Ramadan»
l Mohamed 28 ans, a été reçu par Dr Yahiaoui. Il a refusé, selon sa mère, de suivre au niveau d'autres centres limitrophes à Biskra ou ailleurs. Sa maman a accepté de se déplacer chaque semaine de Batna vers Fouka pour l'accompagner, car il se sentait mieux là-bas «je continue à le surveiller, même si les résultats des tests sont négatifs. On m'a dit que la durée de la cure sera au maximum de 2 ans avant une rémission totale. Je continuerai à être là pour lui», nous a-t-elle assuré. Mohamed a accepté de se confier à nous «je suis plombier et je me marie après Ramadan. J'ai trouvé aujourd'hui une femme bien pour fonder un foyer», nous dira-t-il sur un ton de soulagement. Mohamed est suivi au Cisa depuis mars 2015. Il a été orienté par son oncle maternel et sa maman «je consommais le kif et l'alcool depuis l'âge de 16 ans. Ce sont les plus âgés que moi qui m'ont appris. J'ai eu beaucoup de problèmes avec ma famille qui a perdu confiance en moi. Mais par la suite mes parents et ma famille m'ont soutenu en plus des médecins de ce centre». 


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