Première ■ Dix jeunes en cours de traitement au Centre intermédiaire de la wilaya de Tipasa (CIST) ont bénéficié, hier, d'une nouvelle activité ergo-socio-thérapeutique : le jardinage. Venus des wilayas d'Alger, Tipasa et Blida, ces jeunes ont passé une demi-journée à la pépinière Zitouni de Fouka-Marine, oubliant ainsi le monde fermé de tous les types de toxicomanie dont ils ont été victimes. Ils ont dépoté et replanté de jeunes plants, après avoir eu droit à une visite guidée et des explications sur les plantes et leurs bienfaits par le propriétaire de la pépinière, Redouane Zitouni. Initiée par le CIST, cette opération rentre dans le programme des activités de traitement des toxicomanes de ce centre intermédiaire qui ne se limite pas aux séances de bureau avec les malades et leur famille. Le coordinateur du CIST, le Dr Mohamed Hamani, médecin responsable des soins en addictologie, estime que ce type de traitement est un processus thérapeutique. «Ces jeunes doivent savoir que la meilleure des drogues c'est la vie, car la vie est belle. Grace au réapprentissage, ils pourront retrouver le bonheur de vivre». Pour sa part, l'ergothérapeute, Ryma Bouyakoub, qui a accompagné les jeunes avec l'assistante sociale et le médecin thérapeute, estime que le contact avec la nature est une thérapie très efficace. «Nous avons différentes activités intéressantes au CIST au profit des toxicomanes dont les tables rondes et de discussion, la thérapie de famille, les travaux manuels et le jardinage. Nous sommes sortis en plein air pour leur rappeler les bienfaits de la nature et du soleil. Ils ont beaucoup aimé et nous sommes contents pour eux», a-t-elle souligné. Le CIST organise aussi des excursions au profit de ces jeunes dont certains étaient internés en psychiatrie avant de retrouver leurs forces grâce à ce centre. C'est l'exemple du jeune Walid (27 ans) d'Alger qui nous a révélé qu'il avait été interné 5 fois dans des centres psychiatriques suite à l'effet des drogues dures et des psychotropes qu'il prenait sans arrêt depuis l'âge de 13 ans. «J'ai fait beaucoup de mal à ma famille, aujourd'hui je vais beaucoup mieux grâce au Dr Hamani qui m'a compris et m'a aidé à sortir de ce cauchemar. Je compte éditer un livre pour raconter mon vécu afin qu'il soit un exemple pour les jeunes qui ne devraient jamais toucher à la drogue et être dépendants. Avant, je n'avais pas de vie», se rappelle-t-il amèrement. Notre surprise a été de rencontrer des jumeaux âgés de 21 ans. Ils sont de Tipasa. Ils ont commencé à consommer le kif traité au même moment. «Nous avons appris avec nos amis depuis l'âge de 13 ans, et nous avons décidé de lutter contre cette mauvaise habitude car nous avons un bel avenir devant nous pour, nous», dit l'un d'eux. Le propriétaire de la pépinière, Redouane Zitouni, qui gère avec son père, nous a assuré que le meilleur des traitements antidépresseurs c'est la plante. «Nos portes sont ouvertes tous les jours pour ces jeunes et à tout citoyen pour découvrir les plantes. Ils sont les bienvenus pas uniquement pour acheter» Plus de 400 jeunes toxicomanes ont été pris en charge par le CIST de la wilaya de Tipasa (sis à Fouka) depuis son ouverture en 2011. Ils sont venus des wilayas de Tipasa, Alger, Tizi Ouzou, Mila, Bordj Bou-Arréridj, Chlef, Aïn Defla, Batna et Boumerdès. Le cannabis est le produit psychoactif le plus utilisé, suivi des psychotropes, de l'héroïne et de la cocaïne. Les jeunes toxicomanes bénéficient au CIST, selon le Dr Hamani, de séances individuelles et de groupe et de l'accompagnement social avec un programme de réinsertion socioprofessionnelle.