La jeune chanteuse Lamia Ait Amara et le maestro Khalil Baba Ahmed et son ensemble ont présenté vendredi soir à Alger «Evasion andalouse», un concert de musique marqué par un contenu authentique aux formes classiques universelles. Le public nombreux présent au palais de la culture Moufdi-Zakaria a pu apprécier, près de 80 minutes durant, le rendu d'une fusion prolifique, qui a allié la musique andalouse et le «mouwachah» oriental à la rigueur de l'harmonisation de la musique classique. Un répertoire d'une douzaine de titres a réuni des pièces du patrimoine andalou algérien et d'autres du terroir proche-oriental, dans une distribution musicale judicieusement soumise à la richesse de la polyphonie et à la créativité de Khalil Baba Ahmed. Dans son «Karakou», Lamia Ait Amara, cantatrice souriante à la voix suave, a séduit l'assistance avec son timbre vocal à la tessiture large, son interprétation juste et sa grande musicalité. «Ya Men Saken Sadri», «Mani Aâref man'Dir», «Lel'Lah Ya bn'El Werchane», «Selli Houmoumek», «Mehboub El Qalb Zarni»(genre marocain), «Taht El Yasmina Fellil» et «Wa Mili Bi Djismi» figurent parmi les pièces interprétées. Quelques titres bien applaudis, dont «Lamma Bada Yatathanna», «Hamasset» (mouwachah composée par le maestro) et «Bent Echalabiya» de la diva de la chanson arabe Faïrouz, ainsi que «Escudara-Katip»(patrimoine turc), ont mis en valeur le travail de création et celui des arrangements du maestro. Les sonorités relevées de la contrebasse, du violoncelle et du luth, mêlées à celles cristallines du qanün, des trois violons et du piano, ont orné le silence dans des interprétations aux atmosphères aérées, soutenues par des cadences rythmiques aux mesures composées. Dans une orchestration marquée par le quart de ton oriental et les variations modales de la musique andalouse, à l'instar des modes «Mezmoum», «Sika» et «Djarka», les instrumentistes, issus d'Annaba, Béjaïa, Alger, Mostaganem, Oran et Tlemcen ont brillé de maîtrise et de dextérité. Le maestro Khalil Baba Ahmed au violon, Belkacem Benalioua au qanün et Mokhtar Choumane au nay, ont particulièrement fait montre de toute l'étendue de leurs talents de virtuoses dans des passages en solo, interprétant des «istikhbars» (préludes musicaux).