Le 10e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes «Festivalgérie» s'est ouvert dimanche à Alger avec trois récitals animés par Lamia Madini, l'ensemble irakien Angham El Rafideyn et l'association des Beaux-Arts d'Alger, devant un public nombreux et recueilli. Trois ensembles ont été accueillis sur la scène de la salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El Feth, près de trois heures durant, en ouverture du 10e «Festivalgérie», devant un public venu renouer avec le patrimoine andalou et les musiques anciennes du monde. Lamia Madini, première à monter sur les planches, soutenue par l'ensemble national algérien féminin de musique andalouse (Enama) dirigé par Kateb Nagib, a présenté «Noubet Mezmoum» dans ses différentes déclinaisons rythmiques et mélodiques. Dotée d'une belle présence, Lamia Madini a séduit l'assistance avec une voix suave et limpide, interprétant librement son répertoire en posture debout, sans le luth, son instrument de prédilection. La vingtaine de musiciennes composant l'Enama ont brillé par la maîtrise de leurs différents instruments, notamment les cordes aux sonorités relevées dont le r'beb, le luth, la kouitra et les deux qanuns présents sur scène. L'ensemble irakien «Angham El Rafideyn» est ensuite intervenu en quatuor. D'anciens musiciens avec Taha Gharib au «Djoza» (petite vièle rustique à pique), dirigeant ses compatriotes Sabah Hachem au «sentor» (cithare à table frappé qui se joue avec des petites baguettes à marteaux), Sabah Kadem au «riq» (petit tar ou tambourin) et à «El Khchabia» (petite percussion à deux tambours séparés) et M'hamed Khalil, à la derbouka (percussion orientale). L'ensemble irakien a présenté un répertoire traditionnel fait des pièces, Hidjaz traditionnel, Leyloun Bihi El Fen Indjala (mouwachah dans le mode rasd), Maqam El Bendjigah (dérivé du 5e degré du mode rasd) et Choharga (dérivé du mode adjam âouchaïran). Les pièces, Oundour Ilaya dans le mode nahaouend, chansons rurales dans le maqam bayati et une présentation des différents rythmes irakiens exécutés par les percussionnistes de la troupe, ont également été au programme du quatuor irakien. L'association des Beaux-Arts d'Alger, dernière à se produire dans cette soirée inaugurale du 10e «Festivalgérie», s'est présentée devant le public avec une vingtaine de musiciens, dont plus d'un tiers de femmes. Dirigés d'une main de maître par Abdelhadi Boukoura, aux commandes de l'association depuis 1999, les instrumentistes de l'ensemble algérois issu de l'ancienne «Société des Beaux-Arts» fondée en 1856, ont présenté «Noubet h'çin» dans ses différentes variations rythmiques. Une dizaine de jours, confie M. Boukoura, aura suffi au groupe pour mettre au point le programme de la nouba fait d'une dizaine de pièces interprétées soit par l'ensemble ou alors en solo par Mounia Chatal, Amira Chekchek, Lamia Abdelli, Hamza Bouneb, Haroun Chettab et Noureddine Benalioua. Parmi les instrumentistes de l'association des Beaux-Arts d'Alger, dont le chef d'orchestre a fait l'éloge, Yasmine Sefsaf, musicienne non-voyante, jouant au luth, rayonnante dans sa tenue traditionnelle avec une voix pure à la tessiture large. Le public, prenant du plaisir à suivre les trois prestations, a eu du bon répondant en réagissant avec des applaudissements et des youyous aux différentes prouesses techniques et vocales des instrumentistes et des chanteurs, marquant l'intervention des Irakiens, qui ont réarrangé les textes de leurs chansons de manière à faire l'éloge de l'Algérie, d'un enthousiasme particulier. En début de soirée le commissaire du 10e «Festivalgérie» M.Aïssa Rahmaoui a donné lecture à l'allocution inaugurale de l'évènement au nom du ministre de la Culture Azeddine Mihoubi. Douze pays prennent part au 10e «Festivalgérie» qui se poursuit jusqu'au 26 décembre avec au programme de la journée d'hier, l'ensemble Mudejar (Espagne), la chanteuse Zakia Kara Terki et l'ensemble de l'amitié algéro-turque.