Situation n Dans une intervention radio-télévisée, M. Maduro a déclaré que le Venezuela était la cible d'un «blocus financier». Le président a affirmé, hier lundi, que la banque américaine Citibank avait fait savoir qu'elle allait fermer le compte que la banque centrale du Venezuela utilise pour ses paiements internationaux. Il a ajouté que la mesure concernait aussi une autre banque de l'Etat vénézuélien, Banco de Venezuela (BDV). Citibank «dit que d'ici trente jours elle va fermer le compte de la Banque centrale et de Banco de Venezuela. Cela s'appelle un blocus financier», a déclaré M. Maduro. Il a estimé qu'il s'agissait d'un complot derrière lequel se trouverait, selon lui, le gouvernement américain. Etranglement financier, fermeture des usines appartenant aux multinationales, la crise économique s'aggrave jour après jour. Le président Nicolas Maduro a ordonné l'occupation, hier lundi, de l'usine de l'entreprise américaine Kimberly-Clark au Venezuela, mettant en pratique sa menace d'intervenir sur les firmes qui cessent leurs activités en raison de la crise économique. L'usine Kimberly-Clark de Maracay, ville située à une centaine de kilomètres à l'ouest de Caracas, avait annoncé samedi qu'elle cessait sa production d'articles d'hygiène en raison de la détérioration des conditions économiques au Venezuela. La mesure d'occupation a été annoncée publiquement lundi dans l'entreprise même par le ministre du Travail Oswaldo Vera, qui a assuré que le gouvernement répondait ainsi à une demande des employés de l'usine. «Nous décrétons l'occupation immédiate de l'entreprise Kimberly-Clark Venezuela par les travailleurs», a déclaré M. Vera, signant un document à cet effet sous les vivats du personnel. Le ministre a ordonné le redémarrage des machines. «A partir d'aujourd'hui, Kimberly-Clark rouvre ses portes et reprend sa production», a-t-il annoncé. La prise de contrôle de cette usine est un début d'application de la menace lancée il y a deux mois par M. Maduro aux entreprises qui voudraient cesser leurs activités en raison de la crise. «Usine arrêtée, usine occupée par la classe ouvrière», tel était le slogan qu'il avait alors lancé. Hier, lundi, l'entreprise a réagi à l'occupation de son usine en déclarant dans un communiqué que désormais le gouvernement «sera responsable» du personnel et des installations. Plusieurs autres firmes internationales installées au Venezuela ont, elles aussi, suspendu leurs activités ces derniers temps, brièvement ou pour une durée indéfinie. Coca Cola a suspendu en mai en raison du manque de sucre une grande partie de sa production locale, qu'elle a reprise en juin. Les groupes américains Kraft Heinz et Clorox ont également arrêté leurs activités. Selon le président vénézuélien, les difficultés économiques actuelles font partie d'un plan de ses adversaires pour déstabiliser son pouvoir.Le Venezuela connaît une grave crise économique depuis la chute des cours du pétrole, dont il tire l'essentiel de ses revenus. Près de 80% des produits de première nécessité sont désormais quasi-introuvables, selon des organismes privés. Le pays est en outre plongé dans une profonde crise politique. L'opposition, majoritaire au Parlement depuis les dernières élections législatives, réclame la tenue d'un référendum pour révoquer le président Maduro.