Rencontre n On évoque Mahboub Stambouli comme un artiste accompli. Comédien, dramaturge, parolier et poète, Mahboub Stambouli, celui que l'histoire retiendra comme étant l'auteur de l'un des premiers hymnes patriotiques algériens, à savoir «Min jibalina», est considéré comme l'un des piliers de la culture et des arts en Algérie. Il a eu un remarquable parcours professionnel jalonné de succès. Et pour honorer sa mémoire, un hommage lui a été rendu à la librairie Chaïb Dzaïr en présence de ses deux enfants, Nadjib et Bari. Dans son intervention, Sid-Ali Sekhri, le modérateur de la rencontre, dira : «L'idée d'organiser l'hommage est née lors de la présentation du livre ‘Ma piste aux étoiles' de Nadjib Stambouli.» Et de renchérir : «J'ai lu les dix-huit portraits, dont celui de Mahboub Stambouli, qui était magnifique. L'œuvre de ce dernier est connue mais l'artiste beaucoup moins auprès de la jeune génération. Je pense qu'on a une dette envers lui. J'ai donc proposé aux deux frères Stambouli de rendre hommage à leur père, appuyé par des témoignages de ceux qui l'ont connu.» C'est dans ce sillage que Kamel Bouchama, écrivain, ancien ministre et ancien ambassadeur, a regretté le manque d'intérêt des jeunes pour ceux qui ont marqué l'histoire et la culture de l'Algérie. Et de dire : «Si aujourd'hui on ne connaît pas Mahboub Stambouli, c'est à cause de l'ignorance. On ne lit plus.» Ainsi, on regrette que le nom de Mahboub Stambouli - il fut parolier notamment pour la musique chaâbie, animateur de première heure de la radio algérienne, poète, romancier, traducteur, scénariste de feuilleton, mais surtout dramaturge au théâtre et adaptateur de plusieurs œuvres universelles - soit méconnu, contrairement à son œuvre. A ce propos, Nadjib Stambouli, son fils, dira : «Mon père était tellement occupé à écrire et à produire qu'il n'a pas eu le temps et la peine de travailler son image publique.» En d'autres termes, c'était un artiste qui «aimait travailler et jouer dans l'ombre». «Il avait opté pour le retrait et l'humilité», raconte-t-il. «Son caractère réservé et humble a fait que son nom ne soit pas très connu dans les médias». Pour sa part, Abdelhamid Rabia, comédien, a évoqué la vie et l'œuvre de Mahboub Stambouli. A ce sujet, il dira : «Je n'ai pas eu la chance de travailler avec lui. Je l'ai connu à travers ses écrits.»Présent à la rencontre, Atik Stambouli, ophtalmologue et imam de son état, témoigne : «J'étais son élève à Blida. Il m'a appris beaucoup de choses dont les bases de la langue arabe.»Tous s'accordent à dire que Mahboub Stambouli était «un érudit», qui «enseignait l'amour de l'art et surtout du théâtre ainsi que l'amour de l'identité algérienne dans toute sa variété, «un artiste accompli, ayant touché à tout». «Il est resté, sa vie durant, humble et effacé, n'ayant d'autres soucis que la perfection de son œuvre», a-t-on déclaré. On évoque Mahboub Stambouli comme «un passionné d'écriture et de lecture», ou comme celui qui «a permis l'éclosion de grands comédiens dont il avait reconnu en eux la graine de réussite», tels que Hassan-El-Hassani et Rouiched. Cela lui «avait permis aussi de se propulser au sommet de la gloire grâce à son flaire et l'expérience acquise sur les planches du temps où il dirigeait sa troupe théâtrale Rédha-El-Bey, pépinière de talents et de comédiens émérites». Yacine Idjer l Celui qui est considéré comme l'anthologie de la culture populaire algérienne, était un poète inspiré. Selon ses proches, «il écrivait un poème par jour et pendant une dizaine d'années». On dit de lui qu'il était «un éternel insatisfait, très critique vis-à-vis de ce qu'il accomplissait, pensant, toujours, pouvoir faire mieux et plus». Né en janvier 1914 à Médéa, Mahboub Stambouli a grandi dans une famille conservatrice. Il fait sa première rencontre avec les planches en 1920, alors qu'il n'a pas encore 7 ans. En 1935, il crée sa première troupe de théâtre, puis, en 1939, à Alger, il crée une autre troupe théâtrale Rédha-El-Bey. Durant cette période, il écrit des qassaïd et anachid patriotiques, ainsi que de nombreuses pièces théâtrales. Au déclenchement de la Révolution de 1954, Mahboub Stambouli a rejoint les rangs du Front de libération nationale au sein desquels il a activé. Ceci lui a valu d'être arrêté en 1957 pour n'être libéré que trois années après. Plus tard, il animera des émissions à Radio Alger. Il en produira sur la poésie et la chanson. Il a créé une troupe de théâtre populaire qui se déplaçait de village en village. Au lendemain de l'indépendance, en 1962, Mahboub Stambouli rejoint le Théâtre national où il a mis en valeur toute son énergie créatrice et ses compétences artistiques. Tout au long de son parcours artistique, l'écriture était son seul, unique et fidèle compagnon. Il a écrit des nouvelles dans plusieurs revues ainsi qu'environ 5 000 poèmes classiques et melhouns, dix opérettes, une dizaine d'adaptations théâtrales, quatre romans, quatre feuilletons musicaux, une trentaine de pièces de théâtre. Décédé le 7 janvier 2002 à l'âge de 86 ans, Mahboub Stambouli a marqué l'histoire de l'Algérie par son militantisme et son combat au service de la patrie et de la culture. Y. I.