Appréhensions n A quelques encablures de l'ouverture des Jeux olympiques de Rio, la tension liée à la menace terroriste s'exacerbe au Brésil. Alors que les arrestations se multiplient, certains observateurs estiment que le pays "n'est pas prêt", et le gouvernement prépare la population au "pire des scénarios". Au Brésil, la peur d'un attentat s'exacerbe, à moins d'une semaine de l'ouverture des Jeux olympiques qui se tiendront du 5 au 21 août à Rio, alors que la lutte antiterroriste s'intensifie. La police a annoncé ce jeudi avoir arrêté un Brésilien d'origine libanaise ayant prêté allégeance à Daech. L'homme, qui répond au nom de Chaer Kalaoun, "avait un lien avec des entités terroristes depuis la Coupe du monde 2014", a expliqué le ministre de la Justice, Alexandre de Moraes. "Il a ensuite quitté le Brésil, (…), est allé en Syrie, est revenu et a fait allégeance à l'Etat islamique", a-t-il ensuite détaillé. Le ministère de la Justice brésilien a, par ailleurs, précisé que cette arrestation n'avait "aucune relation" avec l'opération "Hashtag", qui avait permis le démantèlement d'une cellule de 10 personnes qui prévoyaient de perpétrer un attentat pendant les JO. Le 21 juillet dernier, le ministre de la Justice avait, en effet, annoncé l'arrestation d'une "cellule très amateure", dénommée "défenseurs de la charia" et composée de 10 Brésiliens, dont un mineur, qui projetaient d'acquérir des armes pour commettre un attentat au Brésil. Alors que les arrestations se multiplient, la tension est palpable au sein de la population et sur les réseaux sociaux. Un "bingo-attentat" de très mauvais goût (voir photo) circule par exemple depuis le 24 juillet sur la Toile brésilienne, proposant aux internautes de "parier" sur la date où Rio sera frappée par le terrorisme. Le Brésil, qui n'a jamais été victime d'un attentat terroriste, "n'est absolument pas familiarisé avec le terrorisme international", estime le Washington Post, qui, relayé par Courrier International, compare la sécurité dans le pays à celle "du monde d'avant le 11-Septembre". Les menaces sont en effet relativement récentes, et avaient notamment commencé quelques jours après les attentats de Paris en novembre 2015. Le 16 novembre, un compte twitter au nom du djihadiste normand Maxime Hauchard, devenu bourreau de Daech en Syrie, avait posté un message menaçant nommément le pays : "Brésil vous êtes notre prochaine cible". Le compte n'a cependant pas été formellement authentifié et a été supprimé depuis. Courrier International cite également Marcos Degaut, docteur brésilien en sécurité internationale et professeur à l'université de Floride centrale, qui fait le même constat que le Washington Post, estimant dans un entretien au quotidien Estado de Minas que son pays "n'est pas prêt" en cas d'attaque terroriste. "Le Brésil n'est pas invulnérable à un attentat" Les membres du gouvernement brésilien reconnaissent le risque réel de la menace, et veulent préparer la population au "pire des scénarios". "Le Brésil n'est pas invulnérable à un attentat", a ainsi admis lundi dernier le ministre de la Défense brésilien, Raul Jungmann, avant de citer le Premier ministre, Français Manuel Valls, qui avait déclaré au lendemain de l'attentat du 14 juillet à Nice que les Français allaient "devoir apprendre à vivre avec le terrorisme". Andreï Rodrigues, chef du Secrétariat à la sécurité pour les grands événements, affirme que les autorités "sont en état d'alerte permanent", et espère que le dispositif mis en place sera à même d'assurer la sécurité des Jeux, comme il l'avait fait pendant la Coupe du monde de football il y a deux ans. Le renfort Un énorme dispositif de sécurité l Le Village sera en tout cas sous haute surveillance : l'arrestation jeudi d'une cellule d'une dizaine de Brésiliens projetant un attentat pendant les Jeux cariocas, conjuguée à la série d'actes terroristes ces dernières semaines (Istanbul, Nice, Kaboul...), a fait ressurgir le spectre de Munich-1972, quand un commando palestinien avait pris en otages des Israéliens et en avaient tué onze. C'est ce dimanche que le dispositif de sécurité autour des Jeux s'est déployé à plein: 85 000 membres des forces de sécurité -47 000 policiers et 38 000 militaires- seront mobilisés pour assurer la sécurité. L'attentat qui a fait 84 morts à Nice le 14 juillet a poussé le gouvernement brésilien à «hausser d'un cran» son dispositif pour les Jeux. Le fléau Des drogues «JO-2016» découvertes l Alors que la sécurité des Jeux olympiques de Rio suscite de vives inquiétudes, des trafiquants de drogue locaux viennent de lancer sur le marché des sachets de cocaïne portant le logo officiel de l'événement. Au Brésil, même les trafiquants de drogue se mettent à l'heure olympique : dans la nuit du 25 au 26 juillet, la police fédérale brésilienne a saisi à Rio de Janeiro une importante quantité de drogue conditionnée dans des sachets en plastique... aux couleurs officielles de l'événement sportif ! L'inscription «JO 2016», accompagnée des cinq anneaux olympiques, apparaît en effet sur les 93 paquets de cocaïne en poudre, les 28 de «crack» et les 40 sachets contenant des balles d'armes à feu qui ont été confisqués par les forces de l'ordre, dans une maison du quartier de Lapa. Les trafiquants ont poussé le caractère «officiel» de leur packaging jusqu'à indiquer sur les emballages la mention : use longe das crianças [ne pas laisser à la portée des enfants, en portugais]. Cette saisie insolite ne risque pas de dissiper le climat de méfiance pesant sur les conditions de sécurité des Jeux olympiques (JO) de Rio. Les infrastructures Inquiétude pour l'hygiène des lieux sportifs l Les athlètes qui concourront pour les épreuves de nage en eau libre devront composer avec une eau très polluée, critiquent les experts. Les eaux des jeux de Rio, du poison pour les athlètes ? En tout cas, la qualité de l'eau a tout pour rendre malades les sportifs compétiteurs. La baie de Guanabara ressemble plus à un plan d'eau marécageux qu'à un lieu de baignade idyllique de carte postale. Les plus poétiques pourront même voir derrière les objets qui y flottent, pneus, canapés, postes de télévision, les éléments d'une décharge aquatique. C'est dans ce décor nauséabond que les participants vont devoir nager (ou patauger) et disputer les épreuves de voile, de nage ou de windsurf. Une nouvelle qui inquiète au plus haut point des experts de la santé publique. Ils n'hésitent pas à comparer la qualité de ces eaux à celle des égouts et crai-gnent pour la santé des sportifs. Renato Castiglia, spécialiste en santé publique brésilien, déclare que le degré de dangerosité dépendra de l'aléa de la météo : «La pire condition qu'on puisse avoir est d'avoir de la pluie. Là oui, en effet, on a tout le drainage des eaux sales de la ville dans la baie et cela augmente énormément la pollution. Dans le pire des cas, une personne peut attraper une hépatite A au contact de ces eaux, une dysenterie ou des maladies de la peau». D'autres, comme le Dr Daniel Becker, pédiatre vivant au Brésil, n'ont pas peur du franc-parler : «Les athlètes étrangers vont littéralement nager dans de la merde humaine, et ils risquent de tomber malades avec tous ces microorganismes». Du côté des organisateurs des JO, on reconnaît que la baie n'est pas un long fleuve tranquille et que celle-ci aurait dû être dépolluée à 80 %. Une mesure restée lettre morte. Soucieux d'apaiser le malaise, le Comité olympique avec les autorités brésiliennes, affirment que les zones où auront lieu les épreuves «respectent les standards de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)». La pratique Des vols fréquents sur des athlètes et officiels chinois l Des vols "fréquents" ont été enregistrés sur des athlètes et des membres de la délégation chinoise pour les Jeux olympiques JO-2016 a alerté vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères, appelant ses compatriotes à une prudence accrue. En plus des sportifs et des officiels, des journalistes et des touristes ont également été touchés par "des vols fréquents et parfois à main armée", a précisé Pékin à une semaine du début des Jeux. Les autorités chinoises ont appelé à "ne pas visiter les favelas et les lieux isolés seuls", "ne pas sortir avec des sacs à dos, ne pas porter de bijoux ni de montres de marque connues, et ne pas utiliser de téléphones portables en marchant", entre autres. Il faut également "garder son calme" en cas d'agression et éviter une altercation physique avec les voleurs, a averti Pékin. Les JO se dérouleront sous très haute surveillance, quelque 85 000 membres des forces de l'ordre - 47 000 policiers et 38 000 militaires - étant mobilisés pour assurer la protection des 10 500 athlètes et des officiels, journa-listes et 500 000 touristes du monde entier attendus.