Résumé de la 75e partie n Quand la porte se referma derrière Elsa, Jenny s'aperçut qu'elle tremblait de tous ses membres. Subitement animée d'une énergie frénétique, Jenny entra dans le salon, s'empara d'une partie des bibelots et les rangea dans une armoire. Elle s'acharna à décrocher les rideaux de dentelle qui masquaient la lumière et la vue dans le salon et la salle à manger. Le canapé du salon était terriblement lourd à pousser. Tant bien que mal, elle parvint à le permuter avec la table à tréteaux en acajou. Lorsqu'elle eut terminé, la pièce paraissait plus aérée, plus attrayante. Elle fit le tour des autres pièces du rez-de-chaussée, tout en prenant mentalement des notes. Chaque chose en son temps, se promit-elle. Elle plia soigneusement les rideaux et les monta au grenier. Le tapis tressé était dans un coin. Si elle ne parvenait pas à le descendre toute seule, elle ferait appel à Joe. Elle essaya de le tirer, y renonça très vite, et jeta un vague regard de curiosité sur ce qui se trouvait dans la pièce. Une petite mallette en cuir bleu aux initiales C.B.K. attira son attention. Elle la dégagea pour l'examiner. Etait-elle fermée à clé ? N'hésitant qu'un instant, elle fit jouer les fermetures l'une après l'autre. Le couvercle se souleva de lui-même. Des articles de toilette étaient disposés dans le compartiment supérieur. Des crèmes, des produits de maquillage, du savon parfumé au pin. Il y avait un agenda relié en cuir en dessous; la date sur la couverture remontait à vingt-cinq ans. Jenny le feuilleta. 2 janvier, dix heures, conseil des professeurs, Erich. 8 janvier, dîner Luke Garrett, les Meier, les Behrend. 10 janvier, rendre les livres à la bibliothèque. Elle sauta des pages. 2 février, chambre des référés, neuf heures. S'agissait-il de l'audience du divorce ? 22 février, commander une crosse de hockey pour E. La dernière inscription, 8 mars : anniversaire Erich. Ecrite à l'encre bleu clair. Puis, avec un stylo différent, dix-neuf heures. Vol Northwest 241, Minneapolis-San Francisco. Il y avait un billet inutilisé, un aller simple agrafé à la page, et une courte lettre en dessous. Le nom imprimé en haut de la lettre : EVERETT BONARDI. Le père de Caroline, pensa Jenny. Elle déchiffra rapidement l'écriture inégale : «Caroline chérie. Ta mère et moi ne sommes pas surpris d'apprendre que tu quittes John. Nous sommes profondément inquiets au sujet d'Erich, mais après avoir lu ta lettre, nous convenons qu'il vaut mieux le laisser à son père. Nous n'avions aucune idée de ce qui se passait réellement. Notre santé à tous les deux n'a pas été brillante, mais nous attendons ta venue avec impatience. Nous t'embrassons tendrement.» Jenny replia la lettre, la remit dans l'agenda et referma le couvercle de la mallette. Qu'avait voulu dire Everett Bonardj en écrivant: «Nous n'avions aucune idée de ce qui se passait réellement ?» Elle descendit lentement du grenier. Beth et Tina dormaient encore. Elle les regarda avec tendresse et sentit soudain ses lèvres se dessécher. A suivre