Objectif n Le centre de formation de Sidi-Lakhdar dédié exclusivement à l'agriculture s'emploie à relever le défi consistant à rendre le secteur attractif aux jeunes et, partant, redorer son blason. Une mission pour le moins difficile dans cette wilaya à vocation agricole au regard de la désaffection des jeunes pour ce créneau d'activité jugé «pénible» et non valorisé sur le plan social. En effet, selon la Direction locale de la formation professionnelle, sur 412 offres de formation dans le domaine de l'agriculture, seuls 31 jeunes ont opté pour ce créneau d'activité à l'échelle de la wilaya, l'écrasante majorité de cette frange préférant jeter son dévolu sur des spécialités qui «collent» à leur époque. Pour le directeur du CFPA de Sidi-Lakhdar, la tentative de convaincre les jeunes à opter pour des créneaux d'activités se rapportant à l'agriculture est «loin de constituer une sinécure». «Certes, il nous arrive parfois de détourner vers l'agriculture un jeune qui aspirait se lancer dans l'informatique ou tout autre spécialité, mais force est de constater que les cas où nos tentatives sont couronnées de succès se comptent sur les doigts d'une seule main», reconnaît Tahar Kouadri Mohamed. Il a noté que sur un total de 167 stagiaires inscrits au niveau de cette structure de formation dont la capacité est de 300 places pédagogiques, seuls 20 suivent une formation liée à l'agriculture. De son côté, le responsable du service suivi et formation à la Direction de la formation professionnelle d'Aïn Defla, estime que cette situation s'explique, en grande partie, par le fait que nombre de parents font preuve de réticence à envoyer leurs enfants suivre une formation en agriculture, considérant que cette branche d'activité n'est pas valorisée sur le plan social. «Les parents doivent, une bonne fois pour toute, comprendre qu'il faut de tout pour faire un monde et, à partir de là, admettre que tous les jeunes ne peuvent se spécialiser dans l'informatique ou travailler comme agents de bureau», a-t-il martelé, mettant l'accent sur la nécessité, pour la société entière, de «revaloriser le travail de la terre auprès des jeunes». Pour lui, il est «fondamental d'expliquer aux jeunes que l'agriculture à laquelle ils vont s'adonner est différente de celle pratiquée par leurs grands-parents». Les anciens agriculteurs de la wilaya soutiennent, pour leur part, que l'agriculture ne peut, en aucun cas, se développer si les jeunes ne s'y impliquent pas de manière active. «Il est clair qu'au regard des spécificités de l'agriculture, de ses contraintes et de sa pénibilité, cette activité a un besoin pressant de la fougue et de l'énergie des jeunes pour se développer», ont-ils observé dans ce contexte. Une plus grande «reconnaissance sociale» des activités agricoles est un élément fondamental à même de redorer le blason de ce secteur et le rendre plus captivant aux yeux des jeunes, ont-ils soutenu. Notant que le meilleur moyen d'en finir avec la pauvreté consiste en un «retour au travail de la terre», Abdelkader, un agriculteur de la région d'Arrib, a mis l'accent sur la nécessité de combattre l'idée selon laquelle cette activité est synonyme de «dur labeur» et de «travail archaïque réservé aux villageois». Pour le chargé des statistiques à la Direction des services agricoles (DSA) de Aïn Defla, le peu d'engouement pour les métiers liés à l'agriculture pourrait avoir des retombées négatives sur la bonne marche du secteur. Relevant que la superficie irriguée au niveau de la wilaya est de plus de 55 000 ha, il a observé que rien que pour ce segment, des spécialités telles que le goutte à goutte ou l'entretien des réseaux peuvent être enseignées.