Ordures à ciel ouvert, immeubles déplorables, routes éventrées, insalubrité généralisée, le tout sur fond de complicité collective. Dans nos cités, le décor n?est pas du tout beau à voir. Les parties communes appartenant au collectif des résidants sont les plus dégradées. Devant le manque de civisme et du sens de la colocation chez les résidants, l?amélioration du cadre de vie n?est certainement pas pour demain. La collecte des ordures ménagères n?est pas régulière. Pis, elle ne peut point se faire dans les normes, les résidants collaborent peu. Les escaliers sont mal nettoyés, et chaque locataire se limite au nettoyage du seuil de sa porte. Les rez-de-chaussée sont convoités et modifiés pour ériger des kiosques ou autres garages. Les voies d?accès et les cours ont été délimités par des murailles et grillages ou tout simplement supprimés. Les aires de jeux et de parking ont été transformées en jardins ou en courettes. Les cités ont pris une autre configuration, si loin et si différente du plan initial. Par ailleurs, cette dégradation a entraîné et accéléré le vieillissement des immeubles, ce qui exaspère ainsi le déficit qualitatif des conditions d?habitation. Même les nouvelles constructions et cités n?ont pas été épargnées par ce phénomène. Plus grave encore, le patrimoine hérité de l?époque coloniale estimé à pas moins de 1 800 401 logements qui constituent la composante principale des grandes villes (Alger, Oran, Constantine et Béjaïa) a atteint un stade de dégradation avancé. Préserver les côtés architectural, urbanistique et esthétique de nos cités semble ne plus être un souci. Le collège des experts architectes a déjà tiré la sonnette d?alarme lors du forum d?El Moudjahid qu?il a animé. Devant cette ampleur, l?Opgi, le promoteur principal de la majorité des cités au niveau national, se dit complètement dépassé. L?Opgi, représenté par ses 53 Offices de wilaya, déclare qu?il ne peut assurer les coûts des réfections et de l?entretien de son important patrimoine immobilier. Les loyers et les participations initiales ne peuvent guère couvrir tous ces travaux. Avec la nouvelle loi de finances 2005, notamment l?article portant sur la cession des logements et des locaux de l?Opgi par la vente aux locataires, cette situation risque de s?aggraver davantage. Car, cette cession signifie aussi le retrait de l?Opgi de la gestion et de l?entretien des bâtiments et espaces environnants. Ce qui veut dire que désormais c?est aux copropriétaires de «se débrouiller». C?est pourquoi, il a fallu préalablement trouver d?autres dispositifs plus contraignants et où les résidants copropriétaires ou co-occupants seront activement impliqués dans la préservation des parties communes. L?Opgi leur propose un règlement régissant la copropriété où leur adhésion est déterminante. «La balle est dans le camp des citadins», répétait un animateur de l?Opgi lors d?une journée portes ouvertes sur le thème de la gestion des parties communes.