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Insalubrité, incivilité ou insouciance des élus locaux ?
Nos rues et quartiers sont devenus des décharges sauvages
Publié dans La Tribune le 30 - 06 - 2010

Décharges sauvages dans tous les coins,facettes de bâtiment sales et ruelles nauséabondes, tel est, malheureusement, le panorama qui s'offre quotidiennement aux yeux de nos citoyens. Evoluant chaque jour dans un environnement si malpropre, les Algériens ont fini par s'accoutumer à ce manque d'hygiène porteur de maladie et symbole incontournable de l'incivisme, ce mal terrible qui ronge profondément notre pays.
Fatalistes, résignés ou simplement réalistes, les Algériens ne font, d'ailleurs, plus cas de l'insalubrité régnant dans nos rues, quartiers et places publiques. «Cela fait cinq ans que je vis à l'étranger. Mon premier pas sur le territoire national a été une torture morale pour moi. Dans un pays aussi riche que le mien, j'ai été choqué par la saleté des villes. Depuis mon retour, je n'arrête pas de pester contre mes concitoyens», s'exaspère Kamel, trentenaire habitant à El Biar.
Il est vrai que, pour un être consciencieux et lucide, la vue des immondices jonchant le sol est une torture psychologique, sans oublier l'impact de cette insalubrité sur la santé publique. Mais ce qui reste marquant, dans nos différentes discussions avec les citoyens, c'est que tous s'accordent à dire que la principale cause de cette pestilence régnante est due à leurs comportements irresponsables.
«Les gens sont sales. Ils jettent leurs ordures n'importe où, ne respectent pas les horaires de ramassage et ne connaissent pas les rudiments de la vie en communauté», s'accordent à dire nos interlocuteurs. Mais face à cet épineux problème de société qui ternit l'image de notre pays, que font nos élus ? A ce propos, le constat est encore plus amer car il semble que, pour les mairies et les daïras, l'hygiène, la propreté et la lutte contre l'insalubrité sont loin d'être des priorités.
Cette réalité, les habitants de la commune d'Ouled Fayet l'ont apprise à leurs dépens. Et pour cause, depuis longtemps, les habitants d'un quartier érigé à proximité de la route numéro 36 dénoncent l'absence d'un réseau d'assainissement des eaux usées.
Cet îlot d'habitations, qui a plus de 50 ans d'existence, végète toujours en 2010 dans des conditions de vie pour le moins lamentables en l'absence de la moindre commodité. «Nos conditions de vie font croire que nous sommes très loin de la capitale ou encore au Moyen-âge. Nous végétons dans ces pénibles conditions dans une totale indifférence des autorités locales qui semblent complètement ignorer notre existence et même notre quartier», affirment les habitants de ce quartier oublié.
Ce que dénoncent le plus ces citoyens, c'est sans conteste l'inexistence d'un réseau d'assainissement des eaux usées. Ce manque dramatique n'est pas sans générer des problèmes d'insalubrité et de graves nuisances.
L'odeur infecte qui se dégage des égouts à ciel ouvert est insupportable. Ces pauvres citoyens avouent qu'en dehors plus de ces relents nauséabonds, ils souffrent de plusieurs maladies dues à cette insalubrité : problèmes respiratoires, affections dermiques et de l'invasion des mouches et moustiques, notamment à l'approche de l'été.
L'autre grand problème est l'absence de gaz de ville, un problème qui a fini toutefois par être intégré et accepté par les habitants par rapport au problème bien plus grave des eaux usées. Ce qu'il faut signaler pour mieux situer cette situation, c'est que ce quartier est voisin de cités jouissant de toutes ces commodités de la vie moderne. Il suffit, disent-ils de juste d'un peu de bonne volonté de la part des autorités communales pour les faire entrer enfin dans leur siècle.
Une telle misère est vécue atrocement également dans toute la périphérie de la Capitale. A Bordj El-Bahri, du côté de la cité Brise marine, les 200 familles de la cité EPLF subissent depuis plusieurs semaines les affres d'une décharge sauvage.
Celle-ci a vu le jour depuis que des centaines de familles ont été relogées dans des logements neufs. Quittant leurs bidonvilles du jour au lendemain, les nouveaux «citadins» n'ont, semble-t-ils, été accompagnés d'aucune instance des autorités locales pour les aider à s'intégrer dans leur nouvel environnement. Et pourtant, l'OPGI de Dar El Beida, gérant de ces centaines de logements sociaux, a pour obligation de veiller à la propreté et la collecte des déchets de la nouvelle cité. Mais, comble de l'ironie, les concepteurs de l'OPGI ont omis de penser à installer des poubelles et des niches d'ordures dans ce nouveau lotissement. Il s'agit ainsi d'une grave négligence qui a fini par plonger toute cette grande agglomération dans l'insalubrité puisque les nouveaux arrivés n'ont pas trouvé mieux que de brûler leurs déchets à ciel ouvert et sur une route publique. Du coup, les odeurs infectes et la fumée répugnante indisposent chaque jour les familles de la cité Brise marine, naguère propre et accueillante, dont plusieurs des anciens occupants songent aujourd'hui à quitter définitivement leur domicile. «Ce n'est plus possible de vivre dans notre cité. Les familles qui ont été relogées à côté de nos immeubles ont semé l'insalubrité et la pestilence partout avec leur décharge sauvage. Figurez-vous que même les agents de l'OPGI viennent jeter des sacs d'ordures sur la route et cela sans être inquiétés par les services de l'ordre», peste un ancien habitant de la cité Brise marine qui s'apprête à vendre son appartement pour aller habiter loin de ce «coin très sale». Dans ce contexte marqué par beaucoup de tension, la mairie de Bordj El Bahri s'est carrément distinguée par son immobilisme et son abscence sur le terrain. Aucun élu n'a cherché à rencontrer les habitants souffrant de cette décharge sauvage et les citoyens n'ont même pas pu voir leur maire, élu pourtant, visiblement pris par d'autres occupations.
Ce désastreux état des lieux est dressé aussi partout à Alger. A titre d'exemple, les habitants du quartier La Montagne dans la commune de Bourouba à Alger ne cessent de dénoncer la sourde oreille opposée à leurs revendications par les autorités locales.
Et pourtant, ils ne demandent que des mesures pour mettre un terme à la dégradation de leur environnement et la prolifération des décharges sauvages. Les résidants dénoncent particulièrement les conditions lamentables de leur environnement et l'insalubrité qui règne à demeure au vu et au su des services concernés. «Nous vivons au milieu des décharges, d'ailleurs tout le quartier de La Montagne s'est transformé, ces derniers temps, en énorme décharge sauvage sans que cela semble déranger nos responsables locaux que nous ne voyons que lors des élections», s'écrient avec amertume les habitants.
Certes, il est vrai que le citoyen a une grande part de responsabilité dans la dégradation des lieux en matière d'hygiène, mais il faut souligner aussi que même les autorités locales n'ont jamais élaboré de plan efficace pour le ramassage des ordures ménagères, l'entretien de l'environnement ou encore l'aménagement urbain. Dès lors, dans toutes nos villes, et à Alger en particulier, la puanteur et l'insalubrité provoquent les pires cauchemars à nos citoyens. Arrivera-t-on un jour à changer cette triste réalité ?
A. S.


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