"Danger" L?apparition, ces derniers jours, d?essaims de criquets « locaux » dans la commune de Beni Ouartilane, la plaine de Boubhir à Tizi Ouzou, au nord-ouest de la wilaya de Chlef et à Tiaret, n?a pas un caractère alarmant. Le directeur de la protection des végétaux et du contrôle technique au ministère de l?Agriculture, M. Moumène, indiquera que toute cette situation était prévisible. «L?abondance de la pluviosité suivie de la forte chaleur constatée ces derniers jours a contribué à créer des conditions favorables à la reproduction des criquets.» Notre interlocuteur expliquera que les zones touchées sont des cultures éloignées contre lesquelles il fallait utiliser des pulvérisateurs et des moyens de dos pour l?opération d?épandage de pesticide. L?utilisation de gros camions arroseurs étant impossible. Dans la localité de Boubhir, les services de la protection des végétaux ont entamé les opérations d?anéantissement sur les 20 ha infestés. Les conditions météorologiques ont été, cette année, très favorables à la reproduction des criquets qui ont tendance à pondre leurs ?ufs dans des zones humides. Le réseau de veille phytosanitaire et le dispositif de surveillance permettent de «limiter une pullulation ou un risque de densité des essaims». Ces plans sont renforcés par la présence de spécialistes dans les zones de reproduction, des oueds en général, situés dans l?extrême sud du pays : Illizi, Tamanrasset et Tindouf. Pour Tamanrasset seulement, 2 100 ha ont été traités dans l?opération de lutte antiacridienne. Ces professionnels s'installent, dans ces contrées lointaines, dès la mi-juin et ce, jusqu'à la fin du mois de septembre. Leur mission : intercepter les essaims de criquets pèlerins localisés à l?aide de moyens de détection modernes et les neutraliser pour parer à toute éventuelle catastrophe. Celle de la saison 1988/1989 est vivace. 1 200 000 ha de végétation ont été ravagés. Ces équipes de lutte, soutient notre interlocuteur, traveillent d?arrache-pied «dans des conditions extrêmement pénibles et sous un soleil de plomb». Ils disposent néanmoins de camions, de véhicules légers et d?émetteurs-récepteurs, ajoute le responsable. Une unité permanente est, elle aussi, établie dans l?Extrême Sud. Une structure régionale en collaboration avec la FAO (Organisation des Nations unies pour l?alimentation et l?agriculture) a été installée. Elle repose sur trois principes fondamentaux : l?alerte précoce, la prévention et l?installation de réseaux de recherche. Elle permettra d?établir les techniques nouvelles de lutte et de prévention dans l?ensemble des zones de la région occidentale où sévissent le plus de criquets pèlerins. Il faut signaler que l?Algérie est membre de la commission de lutte contre le criquet pèlerin pour la région occidentale africaine CLC PRO. Cette lutte doit être intensifiée et respectée par chaque pays membre. «Le risque d?une invasion du criquet existe toujours. Il suffit d?un relâchement des unités de contrôle et de prévention d?un mois où d?un mois et demi pour que nous soyons face à une véritable catastrophe », soutient notre interlocuteur pour qui la «coordination et la coopération entre les pays voisins touchés par ce phénomène sont très sollicitées ». La superficie traitée par les services de la protection des végétaux pour cette année est plus élevée que celle des deux années précédentes. De 21 800 ha et 11 400 ha en 2001 et 2002, le chiffre de 2003 se situe entre 27 000 et 31 000 ha. Une vague de criquets a fait son apparition dans la commune de Rosfa, au sud-ouest de la wilaya de Tiaret et dans la région de Tissemsilt à l?ouest du pays. Ces nuées d?insectes se sont attaquées aux vergers et aux cultures céréalières causant d?innombrables dégâts, aux dépens en particulier des jeunes agriculteurs qui ont bénéficié du dispositif du Pnda. Ces derniers ont vu leurs cultures pratiquement anéanties par les sauterelles. Ils attendent un geste des pouvoirs publics pour régler leur problème de dette vis-à-vis des banques.