Béni Ourtilane, dans la wilaya de Sétif, a été «visitée» par des essaims de criquets a rapporté hier, l'APS. Les premiers échantillons de criquets mis sous surveillance en laboratoire indiquent qu'il s'agit de l'espèce connue localement sous le nom de «boubziz», sauterelle se déplaçant lentement en raison de ses petites ailes. L'invasion des sauterelles vient s'ajouter à une liste de fléaux qui se sont manifestés particulièrement ces derniers jours. Une épidémie de peste s'est déclarée à Kehaïlia, Oran, et des cas de typhoïde ont été signalés à Constantine où une personne serait décédée par cette ma- ladie. Selon les spécialistes, la reproduction précoce des criquets a été favorisée par des conditions climatiques marquées, cette année, par des moyennes de température assez basses en hiver et élevées au début de l'été. Il est à craindre que la présence de ces criquets n'engendre des ravages et des dommages inqualifiables pour les récoltes agricoles particulièrement importantes cette année. D'ailleurs, des agriculteurs des zones montagneuses, dont les cultures sont menacées, ont demandé aux services concernés de les alimenter en produits phytosanitaires afin de lutter efficacement contre la prolifération de ces insectes. Redoutés depuis des millénaires, les criquets constituent une menace permanente pour de nombreux pays, de la Chine au continent américain, en passant par le Moyen-Orient et l'Afrique. Le monde compte des milliers d'espèces de criquets, ou acridiens, répartis en locustes (formant d'immenses essaims pouvant atteindre des milliards) et en sautereaux (solitaires). Plusieurs pays sont actuellement confrontés à des invasions importantes de criquets migrateurs en raison d'une baisse de la vigilance sur la prévention. Le 8 juin dernier, le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) Jacques Diouf, était à Alger pour assister à la réunion de la Commission de lutte contre le criquet pèlerin de la région ouest de l'Afrique (Clcpro). Diouf a indiqué que la FAO a adopté une nouvelle stratégie «axée sur la prévention par l'identification précoce des menaces potentielles, une capacité de réaction rapide et l'introduction de techniques modernes de lutte sans conséquences sur l'environnement». Cette stratégie, élaborée en février 2001 à Nouakchott, appelée «Système de prévention et d'intervention rapide» (Empres, volet criquets pèlerins) a pour but de renforcer une alerte précoce de donner une réponse rapide aux invasions acridiennes et de créer les conditions de recherches. Par ailleurs, en décembre 2002, la FAO a installé en Mauritanie un laboratoire de recherche sur la lutte antiacridienne. La Mauritanie est considérée comme un couloir de passage du criquet pèlerin entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne.