Chantiers n Des projets d'utilité publique accusent d'importants retards ou n'ont carrément pas vu le jour. En marge d'une visite de travail et d'inspection effectuée par le nouveau wali de Tipasa, Moussa Ghelay, accompagné des directeurs centraux, dans les communes de Damous, Larhat et Beni Milleuk, plusieurs lacunes et défaillances ont été constatées. Les populations locales font face à d'inombrables difficultés qui se traduisent, entre autres, par l'absence de revêtement des routes et chemins, le déficit concernant la prise en charge sanitaire et le problème réccurrent de l'eau potable. Réputée pour sa vocation agricole et artisanale, Beni Mileuk abrite 9.000 âmes réparties sur 7 douars. Larhat, quant à elle, compte 13 douars. Elle recense les mêmes préoccupations selon notre constat sur le terrain. El Hadj Mokhar, un septuagénaire du douar Ghris, affirme que la population locale accuse un manque flagrant dans tous les domaines. El Hadj Abdelkader Charaoui, de Beni Mileuk, déplore l'absence de postes de Gendarmerie nationale et de la Protection civile. Un autre citoyen évoque «le calvaire qu'endurent les parturientes à cause du manque d'un service de gynécologie-obstétrique». Le réseau d'assainissement figure aussi parmi les revendications de la population comme c'est le cas des douars Merrouche, Abda dans la commune de Damous. Le premier responsable de la wilaya a instruit les directeurs centraux à remédier à ces situations quitte à leur consacrer un budget spécial. «Aucun quartier ne devra être en reste» a-t-il insisté auprès des responsables locaux. Un vieux de Damous s'est désolé de constater l'état lamentable dans lequel se trouve le cimetière des martyrs. Il s'est dit soulagé après les instructions du wali envers le chef de daïra pour procéder à une opération de nettoyage de ce lieu au même titre que les cimetières chrétien et juif que compte la wilaya. Damous souffre aussi de l'ampleur du nombre de décharges publiques qui constituent un grand problème pour les agriculteurs, surtout en périodes de pluies. Concernant le poste d'une brigade de la Gendarmerie nationale, le wali s'est engagé à le réaliser dans les plus brefs délais. Trois autres zones de la wilaya en seront, en outre, pourvues. Il ne reste que le choix des assiettes foncières. Par ailleurs, sur la base d'une instruction du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, d'autres projets seront proposés par priorité en PCD à partir de ce mois de novembre, après des rencontres prévues entre les collectivités locales et la société civile, selon Moussa Ghelay. Souad Labri Polyclinique, un vœu pieux ? Diagnostic n A Larhat, le secteur de la santé est, il faut bien l'admettre, malade. «La commune souffre du manque d'une polyclinique» déplore un citoyen. «Une ancienne école a été transformée, depuis 5 ans, en salle de soins, mais elle n'arrive pas à répondre aux préoccupations sanitaires des citoyens» a-t-il ajouté. En effet, le jour de notre de visite, des femmes étaient agglutinées dans cette enceinte qui pour une consultation hebdomadaire chez le pédiatre, qui pour une vaccination. Nous avons aussi remarqué l'absence d'un médecin de garde. Les habitants doivent se rendre jusqu'à Gouraya ou Damous pour bénéficier d'une consultation. Un infirmier que nous avons abordé a confimé le manque de moyens auquel fait face cette strucutre obsolète. «Effectivement, nous avons besoin d'une ambulance et d'un service des urgences. Mais la prise en charge du jour est ordinaire. Nous avons 2 médecins généralistes, un pédiatre 2 fois par semaine et 1 dermatologue chaque mardi» nous a-t-il indiqué. Le directeur de la santé de la wilaya (DSP) Amarni Djassim abonde dans le même sens : «Cette salle de soins répond aux besoins du planning familial, à la vaccination et aux consultations spécialisées, alors que le service des urgences exige une structure adaptée. Le wali nous a instruits dans le sens de l'exploitation d'un terrain en extension pour en faire un point d'urgence, de radiologie et de garde». Certains habitants de Beni Mileuk réclament une structure adaptée pour une petite maternité. «Les femmes doivent se déplacer jusqu'à Damous, à plus de17 km» déplore une jeune fille. «La parturiente souhaite accoucher le jour de peur d'être évacuée à la hâte le soir vers les hôpitaux de Gouraya, Damous, Zéralda ou encore de Koléa. C'est un véritable calvaire pour elle» a ajouté son amie. Pour remédier à ces insuffisances qui pénalisent le citoyen, en plus d'un dispensaire, le chef-lieu de la daira enregistrera, à partir du premier trimestre de 2017, l'ouverture d'une unité médico-chirurgicale (UMC) de 80 lits. Elle a fait l'objet d'une inspection du wali. Cette UMC permettra, selon le DSP, Dr Djassim Amarni, aux localités limitrophes d'éviter les déplacements vers d'autres villes comme Gouraya et Sidi Ghilès. «Elle comptera 3 blocs opératoires, des urgences médicales et chirurgicales pédiatriques, un service de maternité, 2 appareils de radiologie numérique et 1 scanner pour la couverture de toute la circonscription sanitaire de l'ouest de la wilaya» nous a-t-il fait savoir. Les praticiens et pécialistes auront à leur disposition des appartements de fonction et des chambres pour leur hébergement. Selon notre interlocuteur, les localités rurales de la dite daira bénéficieront du passage d'une clino- mobile qui sillonnera toutes les zones enclavées. «On se chargera, à partir de ce mois de novembre, de prodiguer des consultations multidisciplinaires et de radiologie pour les localités dépourvues de salles de soins. 15 ambulances ont déjà été mobilisées au niveau de toute la zone ouest de Tipasa. D'ailleurs, un service de garde 24/24 est opérationnel depuis le mois de mai écoulé avec la disponibilité d'un dentiste, d'un service de vaccination, d'une radiologie et d'un laboratoire. Le déplacement vers Damous ne sera effectué qu'en cas de nécessité extrême» nous a-t-il indiqué. S. L. Le wali hausse le ton Constat n Damous accuse un retard considérable dans la réalisation d'unités de logements dont le LPP et le social, à l'instar du projet de réalisation de 410 logements sociaux locatifs lancé en 2010. «Ce type de projet doit être poursuivi. Il ne doit être touché par aucune sorte de mesure» a instruit le wali présent sur le site. Concernant les constructions illicites, le responsable estime que ce phénomène, qui a pris des proportions inquiétantes dans certaines zones, notamment agricoles, est dû à la complicité de certains membres des assemblées communales ainsi qu'à la passivité des citoyens qui devraient alerter sur le champs les autorités avant même l'avancement des travaux. S'adressant aux maires, il a exhorter ces derniers à plus de vigilance et de responsabilité. «Vous êtes appelés à jouer votre rôle au lieu de faire uniquement dans le favoritisme. Les forêts ont été bouffées. Ce n'est pas normal» a-t-il déploré. Un autre projet de 160 logements LSP a été lancé en 2005. Il relève de l'Enpi. Mais il n'a pas encore été achevé en totalité. «Les 48 unités livrées aux bénéficiaires sont dépourvues d'eau et d'électricité. 32 autres sont en cours de réalisation. Le reste, au nombre de 80, sont en voie de lancement» nous a expliqué la Sg de la commune qui se dit rassurée par les instructions du wali envers le Dg de l'Enpi. Concernant les unités rurales, la même responsable nous a fait part de la crainte des habitants du douar Tazrout. «50 bénéficiaires ont reçu leurs décisions d'affectation. Administrativement, ils sont bénéficiaires. Mais en réalité, ils n'ont jamais occupé leurs logements ruraux dont ils ont bénéficié lors de la décennie de la tragédie nationale. Ils figurent sur le fichier national et ne savent plus à quel saint se vouer. Nous avons adressé plusieurs correspondances aux instances concernées. Mais à ce jour, le problème a été réglé pour un nombre restreint de protestataires. Les autres attendent toujours leur régularisation, selon la même responsable. Mais leur affaire connaîtra dans peu de temps son épilogue, selon les promesses du wali» nous a-t-elle indiqué. «Toujours est-il que 1 000 bénéficiaires ont reçu leurs logements ruraux sur un nombre global de 1 170 unités au niveau des 13 douars relevant de la commune» s'est-elle félicitée. «Seuls 11 logements ruraux ne sont pas encore lancés» a-t-elle poursuivi. Une agricultrice de Damous s'est élevée contre les constructions illicites sur des terrains agricoles, sans parler de la route qui n'est pas bitumée sur près de 2 km reliant 3 autres domaines pourtant inscrite depuis 2003. «S'appuyant sur des textes de loi, cette diplômée de l'Ecole nationale de l'administration se dit outrée de voir certains actes qui n'honorent pas leurs auteurs dont le détournement de certaines Eac de leur vocation. Depuis 2003, j'ai réclamé l'exploitation d'une EAC, mais ma demande est restée lettre morte». Au Douar Sidi Abdelkader (Damous) 5 familles occupent une exploitation agricole depuis 1964. Elles s'interrogent pourquoi elles sont considérées comme occupant des constructions illicites alors que si c'était le cas, elles auraient dû bénéficier d'une aide. Le directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya a expliqué que toute aide pour la construction rurale exige un acte et un permis de construire, ce que ces familles ne possèdent pas. Enfin, des citoyens ont interpellé le wali pour des problèmes personnels à l'instar de l'Imam de Larhat qui a émis le vœu d'aquérir un logement social vu ses conditions de vie difficiles. S. L. Le Caracalla de Tipasa Beni Mileuk est une commune pauvre. Pourtant, elle recèle d'atouts touristiques inestimables, à l'instar d'un village historique enseveli sous terre au Douar Ghazlia, situé à à peine 3 km de la commune. C'est un 2e Caracalla après celui de Djemila (Sétif). Le douar Sidi Zoura dit «Adwiya» est une autre opportunité touristique à exploiter selon un jeune cadre. Il se trouve à quelque 17 kmau sud du chef-lieu de la commune de Beni Mileuk. C'est un bel hameau perché au milieu des montagnes. «Il est réputé par sa ziara annuelle du wali Sidi Zoura, saint patron du village. Une affluence nombreuse, venue des 4 coins du pays, est enrégistrée. C'est une source de revenus importante pour peu qu'elle soit exploitée à bon escient» nous dit-il. A Larhat, un citoyen s'est montré indigné par le fait que le camp de toile aurait été «bradé». Il aurait été cédé en location pour un prix symbolique, alors qu'il est d'un grand apport financier pour renflouer les caisses de la commune» a-t-il souligné. Le président d'APC a effectivement parlé de ce camping concédé à 100 millions dans le cadre de l'investissement, mais sur la base des anciens critères introduits avant son mandat. «Nous disposons d'un autre camp de toile qui a été loué sur la base des nouveaux critères, c'est-à-dire au mètre carré et sur adjudication» s'est-il défendu. Le wali a insisté sur le changement de l'ancien système de concession et la révision du contrat d'ici 2018, à l'expiration de son délai. Par ailleurs et concernant les 3 ZET de la daira de Damous, ils sont en cours d'étude selon le wali, au même titre que les 19 restantes de la wilaya. Il mérite de signaler, sur un autre volet, le projet d'une zone d'activité aquacole (ZAA), au niveau d'un beau site de 15.000 m2, à la sortie de la ville de Damous, pour la promotion de l'investissement dans l'aquaculture, pour une capacité d'accueil de 20 concessions dont 6 sont déjà attribuées. Il permettra la création de 400 emplois directs et indirects ainsi que l'augmentation de la production halieutique de 12.000 tonnes/an, une bouffée d'oxygène pour la localité. S. L. Les jeunes veulent «respirer» l Pour gagner leur vie, les jeunes de Beni Milleuk se déplacent très loin car il est très difficile de trouver du travail sur place. Quant aux loisirs, ils se résument à un stade où d'interminables parties de football sont organiséees. «Nous avons un stade, mais beaucoup de choses nous manquent» nous a déclaré un jeune qui travaille à l'ouest du pays. Ceux de Larhat, pour leur part, se morfondent en attendant l'achèvement du Complexe sportif dont les travaux accusent un retard considérable. Cette infrastructure s'étale sur une superficie de 1 045 m2. Elle compte une grande salle de 400 m2, 4 salles polyvalentes et un terrain de sport. Mais elle peine à être achevée depuis son inscription en 2013 et son démarrage le 31 décembre 2013. Il a fallu l'intervention du wali pour relancer à nouveau le chantier, celui-ci étant à l'arrêt depuis le mois d'avril écoulé suite au refoulement d'une conduite du château d'eau, puis aux intempéries qui ont entraîné l'effondrement d'un talus de 8 m selon un représentant du projet. Il est à 65% du taux d'avancement. Le wali a affiché son mécontentement en qualifiant cet état de défaillance et non pas uniquement de contraintes. Le comble, c'est que sur place une solution a été trouvée en quelques minutes pour cette importante infrastructure tant attendue par la jeunesse locale. Pour pallier un tant soit peu l'oisiveté ambiante, un jeune, la trentaine, nous déclare : «On passe notre temps libre au niveau du cyber, sinon on se déplace vers d'autres localités pour respirer un peu». Un autre nous a informés que beaucoup ne trouvent refuge qu'à la plage pour se défouler et échapper au marasme quotidien». Pour la gente féminine, le taux de filles analphabètes, même s'il a reculé, selon une jeune dame, est préoccupant. Beaucoup sont privées d'école vu l'environnement social et l'éloignement des douars des lieux du savoir.