Résumé de la 2e partie n L'enceinte quadrangulaire du temple mesure 150 mètres sur 120 de côté. Elle consiste aujourd'hui en un immense champ de ruines. Quel édifice se dressa en cet emplacement ? On a saisi au cours de cette description, l'importance de l'ensemble de Tiahuanaco et la somme des complexités qu'il recèle pour l'interprétation. De nouveau se pose la question des conditions de possibilité de l'architecture du centre de Tiahuanaco, étant donné la mise en œuvre de moyens que suppose sa construction. Le complexe de Tiahuanaco paraît avoir été entouré d'habitations qui ne furent pas construites en pierre mais en briques crues et terre séchée, ainsi que cela est apparu d'après les fouilles les plus récentes. Nous refusons de croire que les hommes qui habitèrent ces agglomérations précaires aient pu être les bâtisseurs de Tiahuanaco, simultanément. L'argument religieux a été avancé pour Tiahuanaco qui aurait été une «Mecque andine» des hauts plateaux. Les pèlerins qui s'y rendaient à date fixe l'auraient construite progressivement au fil des années. Mais comment une telle hypothèse explicative pourrait-elle se maintenir devant la question des faits que ne manque pas de poser Tiahuanaco ? Premièrement, étant donné l'altitude, 4000 mètres, le site n'offre pour les hommes que des moyens extrêmement réduits de subsistance. Cela rend invraisemblable l'entretien d'une foule d'ouvriers sur le chantier de Tiahuanaco. Mais d'autres questions aussi troublantes n'ont pas reçu de réponse. L'analyse pétrographique des blocs qui entrent dans la construction des édifices a révélé l'utilisation des matériaux suivants : tuf volcanique, calcaire, grès rouge, basalte, andésite. Or aucune des carrières qui surplombent le lac Titicaca ne présente les caractères correspondant à ces types de pierres. Il faut s'éloigner à 70 ou à 300 kilomètres pour trouver les gisements qui auraient pu alimenter l'édification des ensembles de Tiahuanaco. Sans la roue, sans la métallurgie du fer, sans les bêtes de trait, les archéologues nous invitent à imaginer les convois d'hommes qui, en altitude, par des routes de montagnes transportèrent sur 300 kilomètres des mégalithes pesant de 100 à 500 tonnes. Et il n'est pas certain qu'à l'heure actuelle, même notre matériel de pointe serait opérant pour cette tâche, étant donné la configuration du terrain. Le transport des matériaux est un problème qui attend d'être résolu, mais l'extraction et la taille des pierres, leur ajustement si parfait sont autant d'énigmes pour quiconque refuse de mettre en doute les estimations chronologiques conventionnelles. Quant à l'éventualité d'une réalisation de l'architecture monumentale de Tiahuanaco par les tribus andines locales, ne s'exclut-elle pas d'elle-même par l'énormité d'illogisme qu'elle représente ? Des spécialistes n'ont pourtant pas craint de penser que Tiahuanaco avait été construit par des moyens manuels, si forte est l'emprise intellectuelle de la notion de «primitif» sur les mentalités des archéologues, lorsqu'ils raisonnent un site. Si puissante, si prospère que fût la civilisation de Tiahuanaco, elle s'efface mystérieusement des plateaux andins... et des manuels d'archéologie.