Avis n L'ancien défenseur du Mali est revenu sur le rendement de la sélection nationale lors de la CAN-2017. Il a estimé qu'au vu de son potentiel, c'était un véritable gâchis. n Comment analysez-vous ce premier quart de finale ? Pour le Burkina-Faso c'est une bonne chose. C'est un pays limitrophe du Mali et en tant que Malien, je ne devais qu'être content pour eux. C'est un sentiment de fierté pour l'Afrique de l'ouest parce qu'à la base ce ne sont pas les nations favorites. Les Burkinabés ont bien travaillé, les joueurs sont solidaires et ils ont récolté le fruit de leur travail. C'est bien pour le peuple qui vit une joie immense en ce moment, j'en suis sûr. n Quelle appréciation apportez-vous à cette CAN-2017 ? J'ai vu presque tous les matches, je peux dire qu'il y a des confirmations et des déceptions. Maintenant, nous sommes arrivés aux matches à enjeu. Aujourd'hui, j'ai pensé que cela allait être plus équilibré, mais les Tunisiens ont tout simplement té out en deuxième mi-temps. Ce n'était pas suffisant pour espérer se qualifier. n Comment évaluez-vous son niveau jusqu'à maintenant ? Il est très intéressant. Nous avons vu des équipes comme l'Ouganda et le Zimbabwe réussir de belles choses. Regardez ce soir Burkina-Tunisie, qui aurait dit que la Tunisie allait être éliminée. Toutes les équipes progressent et postulent pour être dans le dernier carré. n Avez-vous vu l'équipe d'Algérie ? Comment l'avez-vous trouvée ? Sur le potentiel, il y a tout ce qu'il faut pour l'équipe d'Algérie. Dans le football, avant de se vanter de ses qualités, il va falloir faire valoir son cœur et sa tête. Aujourd'hui nous avons l'exemple, le Burkina-Faso qui est moins talentueux, mais qui a montré qu'il faudra d'abord se battre et penser ensuite faire la différence. L'Algérie c'est du gâchis dans cette CAN parce que chaque joueur tirait de son côté. Il n'y avait pas de collectif ni d'union. C'était à l'image de ce qui s'était passé lors des deux derniers mois avec les changements d'entraîneurs. On ne prépare pas une compétition comme la CAN trois semaines. n Etes-vous surpris par son élimination dès le premier tour ? Pas du tout. A aucun moment l'Algérie n'a montré que c'est une équipe qui voulait se qualifier. Même contre le Zimbabwe, son retour était presque miraculeux et personne n'aurait crié au scandale si elle avait perdu. n L'absence d'un leader au sein du groupe, à l'image d'un Feghouli, a probablement lézardé la solidarité du groupe, n'est-ce pas ? Oui probablement. L'Algérie avait besoin d'un leader sur et en dehors du terrain. Moi j'ai trouvé dommage de ne pas avoir pris un joueur comme Medjani. Il aurait été plus utile pour l'équipe et pour le groupe. Madjani aurait pu jouer dans l'axe et permettre à Mandi d'occuper le flanc droit de la défense. Cela aurait été une solution pour la défense algérienne. C'est du gâchis parce qu'il s'agit probablement de la meilleure génération sur le plan technique depuis celle des Belloumi. Avoir des joueurs c'est bien, mais avoir une équipe c'est mieux. n Comment jugez-vous la CAN de Mahrez, qui est arrivé au Gabon avec le titre de meilleur footballeur africain ? Ce n'est pas le Mahrez que nous voyons chaque semaine en Premier League avec Leicester City. Ce n'est pas de ce Mahrez a besoin l'Algérie. Il doit travailler pour l'équipe nationale comme il le fait en club. Je me rappelle lors du premier match face au Zimbabwe, l'arrière droit (Belkhiter) a été grillé parce que Mahrez n'a pas fait son travail défensif. Il ne faut pas seulement attaquer sans revenir donner main forte à son arrière-garde, ce n'est pas possible. nQuel est le favori, selon vous, pour le sacre final ? Le Burkina a montré aujourd'hui de très belles choses. Elle peut aller en finale. Le Sénégal est une valeur sûre (interview réalisée avant l'élimination des Lions de la Terranga face au Cameroun) et le Maroc, ce sont de potentiels vainqueurs. n D'autres nations ont également raté leur CAN… La Côte d'Ivoire n'avait pas le droit de se rater car elle possède le potentiel qui lui permet d'aller en finale. Elle a joué en marchant. Le Mali c'est différent puisqu'il y a moins de qualité dans l'effectif. Je pense qu'on n'a pas mis les bons hommes au bon moment et au bon endroit. Le Mali a une équipe moins talentueuse, il faut savoir l'optimiser par les qualités des uns et la complémentarité des autres. Maintenant, il faut analyser ce qui n'a pas marché, tirer les conséquences, faire le vrai bilan, et à partir de là, trouver les bons pansements pour soigner les blessures. Propos recueillis par Djamel Ouaglal Le dernier carré Burkina Faso et Cameroun en demi-finales Le Burkina Faso et le Cameroun se sont qualifiés sur le tard et sans fard en demi-finales de la CAN-2017 en venant respectivement à bout samedi de la Tunisie (2-0) et du Sénégal (0-0 a.p, 5-4 t.a.b.). Comparée à la séance de tirs au but remportée à Franceville par les Lions Indomptables au terme de 120 minutes lénifiantes, la victoire des Etalons semble même expéditive, toute proportion gardée, puisque Bancé (80) et Nakoulma (84) ont trouvé l'ouverture dans le temps réglementaire. Comme en finale en 2002, le Cameroun remporte donc la séance fatidique face à des Lions de la Terenga qui peuvent éprouver de grands regrets. Et pas uniquement parce que leur star Sadio Mané, étincelant depuis le début, a raté sa tentative. L'équipe d'Aliou Cissé, avec plus d'intentions mais sans tranchant, aurait en effet dû se qualifier dans le temps réglementaire. C'est finalement l'équipe d'Hugo Broos, absente du dernier carré depuis sept ans, qui décroche le jackpot. Contre le vainqueur de RDC-Ghana, il faudra probablement se montrer un peu plus excitant. Jamais titré, le Burkina de Paulo Duarte sera lui opposé au tour suivant au vainqueur d'Egypte-Maroc pour le rapprocher un peu plus d'une revanche après sa finale perdue en 2013. Une nouvelle fois solides, les coéquipiers de Kaboré ont fait déjouer à Libreville les Aigles de Carthage, qui ont mieux tenu le ballon mais n'ont pas réussi à le faire vivre. Comme en 1998, ils s'arrêtent donc au même niveau, face au même adversaire. R. S. L'appétit Broos : «Il nous reste encore deux caps à passer » Hugo Broos, le sélectionneur du Cameroun estime que son équipe mérite d'être dans le dernier carré. "On n'était pas attendu. Aujourd'hui on a joué contre une équipe forte, mais quand tu vois la volonté de notre équipe, la combativité, alors on mérite vraiment de gagner ce match. Aujourd'hui on a passé un cap. Il y en a encore deux" a-t-il affirmé. R. S. La satisfaction Duarte : «La qualité et la confiance sont là» L'entraîneur portugais du Burkina Faso, Paolo Duarte, pense que son équipe a jouyé à un haut niveau. «Je félicite la Tunisie qui n'avait pas de résultats en CAN depuis cinq ans. Ce fut un match difficile qui normalement se décide sur des détails. Chaque coup de pied arrêté de la Tunisie était dangereux. J'ai senti que mon équipe a joué un football d'un niveau énorme. C'est une équipe capable de donner un spectacle fantastique. J'ai loué la maison pendant trois ans et demi (ndlr: entre ses deux contrats au Burkina Faso, 2007-2012, et depuis 2016). Aujourd'hui la qualité, la confiance sont là. Quand on sert le football, tout le monde sort gagnant. Je suis content de la présence de nombreux Burkinabés qui nous aidé à gagner ce match. On ne peut pas savoir quel sera l'avenir, seul Dieu le sait. On rêve de faire mieux qu'en 2013 (ndlr: le Burkina battu en finale). Ce ne sera pas facile. L'important c'est que les joueurs ne perdent pas leur humilité" N'oubliez pas que la Tunisie a eu un jour de repos en moins que nous. J'ai senti que la Tunisie était costaude derrière, mais un peu lente. R. S. Le fair-play Kasperczak : «Le Burkina Faso a mieux mérité» Le coach de la Tunisie, Henri Kasperczak, a reconnu que l'adversaire n'a pas volé sa qualification. "Le Burkina Faso a mieux mérité, il a gagné. L'équipe tunisienne n'a pas démontré ses qualités, je suis d'accord. Nous n'avons pas fourni notre prestation habituelle. On n'a pas retrouvé cette rage de vaincre. On était un peu fatigué. La fraîcheur physique n'était pas au point. On n'a pas joué assez vite toutes les actions offensives. Les changements dans l'équipe burkinabé ont été une grande réussite, avec un joueur qui entre et qui fait la différence (ndr: Bancé). C'est ça qui fait le résultat. A 0-0 on a eu l'espoir de faire la différence, mais nous avons pris un but sur un coup de pied arrêté. La réaction de Khazri? Un joueur sort, parfois il est énervé, ça arrive partout. Je suis déçu comme tous les joueurs de cette élimination, que nous pouvions peut-être éviter.»