Résumé de la 196e partie n Jenny essaya d'organiser ses journées. Les nuits d'insomnie et les cauchemars la poussaient à se lever dès l'aube. La dernière nuit de février, elle se sentit spécialement nerveuse. Il semblait régner un calme particulièrement angoissant dans la maison. La niaiserie stéréotypée d'un programme soi-disant comique lui fit éteindre le téléviseur. Elle resta assise, le regard perdu devant elle. Le téléphone sonna. Ayant dorénavant perdu tout espoir, elle saisit le récepteur. «Allô ? — Jenny, le pasteur Barstrom à l'appareil. Comment allez-vous ? — Très bien, merci. — J'espère qu'Erich vous a transmis nos condoléances pour la mort de votre bébé. Je voulais vous faire une visite mais il m'a demandé d'attendre un peu. Erich est-il là ? — Non, il est absent. Je ne sais pas exactement quand il sera de retour. — Ah bon ! Pouvez-vous simplement lui rappeler que notre centre paroissial est presque terminé. Etant donné qu'il est notre plus généreux bienfaiteur, je tenais à l'informer que l'inauguration aura lieu le dix mars. C'est un homme très charitable, Jenny. — Oui. Je lui dirai que vous avez appelé. Bonne nuit, pasteur.» Le téléphone sonna à deux heures moins le quart. Jenny était étendue dans son lit, une pile de livres à ses côtés, espérant que l'un d'eux l'aiderait à passer la nuit. «Jenny ? — Oui.» Etait-ce Erich ? Il avait un timbre de voix différent, perçant, tendu. «Jenny, à qui parlais-tu au téléphone aux environs de huit heures du soir ? Tu souriais en parlant. — Aux alentours de huit heures ?» Elle essaya de prendre un ton posé, de ne pas hurler : Où sont Beth et Tina ? «Attends» Elle marqua une pause. Le shérif Gunderson ? Mark ? Elle n'osa mentionner ni l'un ni l'autre. Le pasteur Barstrom. «C'était le pasteur Barstrom, Erich. Il désirait te joindre pour t'inviter à l'inauguration du centre paroissial.» Ses mains étaient moites, sa bouche tremblait. Elle attendit sa réaction. Il fallait le garder en ligne. Peut-être pourrait-on ainsi localiser l'appel. «Es-tu certaine que c'était le pasteur Barstrom ? — Erich, pourquoi l'inventerais-je ?» Elle se mordit les lèvres. «Comment vont les enfants ? — Très bien. — Laisse-moi leur parler. — Elles sont très fatiguées. Je les ai mises au lit. Tu étais jolie ce soir, Jenny. — J'étais jolie.» Elle frissonna. «Oui, j'étais là. Je regardais par la fenêtre. Tu aurais dû deviner que j'étais là. Si tu m'aimes, tu aurais dû le deviner.» Jenny regarda la coupe de cristal dans l'obscurité, irréelle, verte. «Pourquoi n'es-tu pas rentré ? — Je n'en avais pas envie. Je voulais simplement m'assurer que tu restais toujours à la maison en train de m'attendre. A suivre