Résumé de la 87e partie n Jenny s'était attendue à une réaction de la part d'Erich, mais le rejet absolu de ses désirs et de ses goûts la bouleversa. Cette nuit encore elle avait mal dormi. Elle avait rêvé d'Erich. Son visage avait toujours cette même expression, une expression qu'elle n'arrivait pas à définir. A son retour, passé cet anniversaire, elle lui parlerait posément. Elle lui proposerait de l'accompagner chez un psychiatre. S'il refusait, elle serait obligée d'envisager de ramener les enfants à New York. Où ? Peut-être pourrait-elle retrouver son travail ? Peut-être Kevin lui prêterait-il quelques centaines de dollars ? Prêter ! Il lui en devait des centaines. Fran parviendrait bien à les caser chez elle dans un premier temps. Jenny n'aimait pas solliciter les gens, mais Fran était une chic fille. Je n'ai pas un sou, pensa Jenny, mais là n'est pas le problème. Je ne veux pas quitter Erich. Je l'aime. Je veux passer le reste de ma vie avec lui. Elle se sentait toujours aussi glacée. Une douche chaude lui ferait du bien. Et elle allait mettre son gros pull écossais. Il était rangé dans la penderie. Jenny jeta un coup d'œil dans cette direction et comprit ce qui l'avait tourmentée dans son subconscient. Quand elle s'était levée, elle avait pris sa robe de chambre dans la penderie. Pourtant, la veille au soir, elle l'avait laissée traîner sur la banquette de la coiffeuse. La banquette était alors légèrement éloignée de la table de toilette. A présent, elle se trouvait à sa place exacte. Jenny ne s'étonna plus d'avoir vu le visage d'Erich en rêve. Elle avait dû inconsciemment se rendre compte de sa présence. Pourquoi n'était-il pas resté ? Elle frissonna. Elle avait la chair de poule. Mais ce n'était pas à cause du froid. Elle avait peur. Peur d'Erich ? De son propre mari ? Non, bien sûr, se dit-elle. J'ai peur de son comportement de refus. Il vient vers moi et ensuite il me repousse. Erich était-il retourné au chalet pendant la nuit ou avait-il dormi à la maison ? Elle enfila calmement sa robe de chambre et ses pantoufles et sortit dans le couloir. La chambre d'enfant d'Erich était fermée. Jenny écouta à la porte. Il n'y avait aucun bruit. Lentement, elle tourna la poignée et ouvrit. Erich était recroquevillé en chien de fusil sur le lit, le patchwork aux tons colorés enroulé autour de lui. On ne voyait que son oreille et la racine de ses cheveux. Sa tête était presque enfouie dans les plis du tissu molletonné. Jenny pénétra sans bruit dans la chambre et perçut une odeur familière. Elle se pencha sur Erich. Dans son sommeil, il pressait la chemise de nuit couleur aigue-marine contre son visage. Elle finissait de prendre son petit déjeuner avec Tina et Beth quand Erich descendit. Il refusa même un café. Il était déjà vêtu d'un de ses gros parkas et portait un fusil de chasse qui paraissait de très grand prix, même aux yeux inexpérimentés de jenny. Elle l'examina avec inquiétude. «J'ignore si je rentrerai ce soir, lui dit-il. Je ne sais pasce que je ferai. En tout cas, je resterai dans les parages de la ferme aujourd'hui. A suivre