Résumé de la 197e partie n Jenny attendit la réaction d'Erich. Il fallait le garder en ligne. Peut-être pourrait-on ainsi localiser l'appel. Je t'attends, Erich, et j'attends aussi les enfants. Si tu ne veux pas revenir, laisse-moi au moins, te rejoindre, rester à tes côtés. — Non, pas encore. Es-tu couchée, Jenny ? — Oui, bien sûr. — Et quelle chemise de nuit portes-tu ? — Celle que tu aimes. Je la porte très souvent. — J'aurais peut-être dû rester. — J'aurais bien aimé que tu restes.» Il y eut un silence. Dans le fond, elle entendait le bruit de la circulation. Il devait toujours appeler du même endroit. Il s'était tenu derrière la fenêtre. «Tu n'as pas dit au pasteur Barstrom que j'étais furieux contre toi, n'est-ce pas ? — Bien sûr que non. Il sait bien à quel point nous nous aimons. — Jenny, j'ai essayé de téléphoner à Mark mais le poste était occupé. N'étais-tu pas en train de lui parler ? — Non, pas du tout. — Tu étais vraiment en train de parler au pasteur Barstrom ? — Pourquoi ne lui téléphones-tu pas pour le lui demander ? — Non. Je te crois, Jenny. J'essayerai à nouveau de joindre Mark. Je venais juste de me souvenir. Je lui ai prêté un livre et je voudrais le récupérer. C'est un livre qui se trouvait sur le troisième rayon de la bibliothèque, le quatrième en partant de la droite.» La voix d'Erich changeait tout à coup ; elle devenait sifflante, mal assurée. Il y avait quelque chose de particulier dans cette voix. C'était la même voix de crécelle, les mêmes hurlements suraigus qui l'avaient déjà tellement bouleversée : «Mark-est-il ton nouvel amant ? Sait-il nager ? Putain, sors du lit de Caroline. Tout de suite.» Il y eut un déclic. Puis le silence. Et la tonalité, un bourdonnement impersonnel émanant de l'écouteur qu'elle gardait dans sa main. Le shérif Gunderson téléphona vingt minutes plus tard. «Jenny, le central a pu repérer l'origine de l'appel. Nous connaissons la zone d'où il a téléphoné. C'est aux environs de Duluth.» Duluth. A l'extrémité nord de l'Etat. A près de six heures de route. S'il se trouvait dans cette région, cela signifiait qu'il avait dû se mettre en chemin au milieu de l'après-midi pour pouvoir regarder par la fenêtre à huit heures du soir. Et qui se trouvait auprès des enfants pendant toutes ces heures ? Les laissait-il seules ? N'étaient-elles plus en vie ? Elle ne leur avait plus parlé depuis le 16 février. Presque deux semaines. «II est en train de craquer», dit-elle d'une voix neutre. Le shérif ne chercha pas à lui prodiguer un vain réconfort. «C'est aussi mon avis. — Que pouvons-nous faire ? — Voulez-vous que nous lancions un appel public ? Que nous communiquions l'information aux chaînes de télévision, à la presse ? — Seigneur, non. Ce serait signer l'arrêt de mort de mes enfants. A suivre