Négociations n Après un peu plus d'une semaine de discussions difficiles à Genève, les belligérants syriens ont accepté un «agenda clair» incluant les questions de gouvernance et la lutte contre le terrorisme, et un nouveau rendez-vous est prévu en mars par l'ONU. Les discussions ont essentiellement porté sur des questions d'agenda mais ont permis, pour la première fois, d'obtenir un «agenda clair» en quatre points, selon l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura. Le gouvernement, qui a insisté à plusieurs reprises ces derniers jours sur sa volonté d'ajouter la lutte contre le terrorisme aux trois autres éléments prévus par l'émissaire avant le début des négociations, à savoir la gouvernance - thème flou pour évoquer une transition politique -, la Constitution, et les élections, a en effet obtenu gain de cause. Ces quatre sujets seront discutés «en parallèle», a assuré l'envoyé spécial, mais les questions de stratégie contre le terrorisme seront discutées à Genève tandis que la partie opérationnelle de la lutte contre le terrorisme sera abordée à Astana. Si huit jours de discussions à Genève n'ont pas permis d'avancée majeure, de tous petits pas ont été donc accomplis, et aucun des belligérants n'a pris le risque de claquer la porte. Le médiateur de l'ONU a enchaîné les rendez-vous avec toutes les parties : la délégation du régime, celle du Haut comité des négociations (HCN, principale délégation de l'opposition), et les opposants proches de la Russie, le «Groupe du Caire» et le «Groupe de Moscou». Les pourparlers n'ont en effet pas permis d'entamer des discussions directes entre les belligérants. Les deux parties se sont simplement fait face lors de la cérémonie d'ouverture jeudi dernier, dans une ambiance polaire. A l'issue des négociations, Bachar al-Jaafari, l'austère chef de la délégation du régime, a quitté l'ONU sans s'adresser aux médias, tandis que le chef des négociateurs de l'opposition syrienne, Nasr al-Hariri, a jugé cette session «plus positive». «Le train est prêt, il est en gare, les moteurs chauffent. Tout est prêt, il a juste besoin d'un accélérateur», a déclaré Staffan de Mistura, à l'issue de ce 4e round de négociations. En attendant, ce diplomate chevronné, dont l'optimisme chronique bute depuis près de trois ans sur l'écueil du conflit syrien, a prévu de se rendre la semaine prochaine au Conseil de sécurité. Ensuite, a-t-il dit, «nous aurons Astana (...) pour consolider le cessez-le-feu, et puis à nouveau Genève», en mars. La Russie, alliée de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles, parrainent en effet depuis fin décembre un processus parallèle de négociation au Kazakhstan, centré sur les questions militaires. Les pourparlers de Genève visent à mettre fin à la guerre en Syrie, qui a fait plus de 310.000 morts et des millions de réfugiés alors que le conflit va entrer le 15 mars dans sa septième année. R. I / Agences n Trois sessions de discussions en 2016 s'étaient soldées par un échec, en raison des violences sur le terrain et de l'insistance du régime à parler de terrorisme, quand l'opposition réclamait des discussions sur une transition politique. Mais les positions se sont nuancées, sous l'influence de l'acteur majeur du dossier, Moscou. Présent à Genève pour le Conseil des droits de l'Homme, le ministre adjoint des Affaires étrangères russes, Guenadi Gatilov, a rencontré la délégation du régime, et, fait sans précédent, celle du HCN. La Russie, qui intervient en Syrie depuis septembre 2015 et a permis au régime de Bachar al-Assad de se renforcer sur le terrain, tire aussi les ficelles sur le plan politique, en l'absence des Etats-Unis, dont le président Donald Trump n'a donné jusqu'à présent aucun signe d'implication dans la recherche d'un règlement au conflit syrien. Et les pressions russes semblent avoir payé, puisque pour la première fois le régime a annoncé publiquement à Genève qu'il était prêt à discuter des trois thèmes politiques fixés par M. De Mistura. La pression de Moscou s'est exercée aussi sur l'opposition.