Violences n Les combats faisaient rage aujourd'hui dans la capitale libyenne entre les forces loyales au gouvernement d'union nationale (GNA) et des combattants rivaux, tandis qu'une télévision privée a été attaquée et sa diffusion interrompue. Les combats à l'arme lourde se poursuivaient en matinée autour des «Palais des Hôtes», qui servent de quartier général à des groupes armés fidèles à l'ancien chef d'un gouvernement non reconnu, Khalifa Ghweil, écarté du pouvoir à Tripoli en avril après la formation du GNA. Des forces pro-GNA avaient lancé mardi l'assaut sur ce complexe d'une dizaine de villas luxueuses situé au sud du centre-ville, selon des témoins. Khalifa Ghweil, qui a multiplié les gestes de défiance à l'encontre du GNA, est appuyé par des milices de sa ville natale de Misrata (ouest) ainsi que par d'autres groupes à Tripoli, basés notamment dans le sud de la capitale. Des tirs multiples et de puissantes détonations ont été entendus depuis plusieurs quartiers de la capitale, quasiment paralysée par les violences pour le troisième jour consécutif. L'hôpital al-Khadhra, situé non loin des combats, a été touché par une roquette, sans faire de victime, selon un infirmier de l'établissement. Par ailleurs, le siège de la télévision privée Al-Nabaa, connue pour ses orientations islamistes, a été attaqué par des inconnus la nuit dernière, provoquant un début d'incendie et la suspension de la diffusion, selon des témoins. Ce matin, les programmes de la chaîne étaient toujours interrompus. Les combats avaient commencé lundi soir dans les quartiers résidentiels et commerciaux de Hay al-Andalous et Gargaresh, dans l'ouest de la capitale, et d'autres affrontements avaient également eu lieu hier dans ce secteur de la ville. La direction de la police à Tripoli, qui dépend du ministère de l'Intérieur du GNA, avait annoncé qu'elle était «en train» de «purger» la région des «hors-la-loi». Le gouvernement d'union n'a fait aucun commentaire sur l'assaut donné contre le quartier général de M. Ghweil. Depuis son entrée en fonction en mars 2016, cet exécutif a échoué à asseoir son autorité sur l'ensemble du pays, plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. A Tripoli, il a réussi à obtenir le ralliement de quelques milices mais plusieurs quartiers restent contrôlés par des groupes qui lui sont hostiles. Sur un autre front, les troupes loyales au maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort des autorités de l'est de la Libye, ont annoncé hier la reprise de deux importants sites pétroliers qui étaient tombés aux mains de groupes armés rivaux. «Les forces armées ont libéré le Croissant pétrolier», région du nord-est du pays, a déclaré Ahmad al-Mesmari porte-parole de l'Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée par le maréchal Haftar. M. Mesmari a fait état de dix morts et 18 blessés parmi les forces de l'ANL dans l'offensive lancée hier matin. «La bataille n'est pas finie», a-t-il dit. «Nous allons traquer l'ennemi jusque dans leurs camps». Un autre porte-parole de l'ANL, Khalifa al-Abidi, et le chef des Gardes des installations pétrolières loyaux à Haftar, le général Meftah al-Megaryef, avaient annoncé plus tôt la reprise de Ras Lanouf et d'Al-Sedra, deux des quatre principaux sites du Croissant pétrolier libyen. L'ANL avait annoncé hier matin avoir lancé une offensive pour reprendre ces deux sites dont les Brigades de défense de Benghazi (BDB), composées notamment de combattants islamistes, s'étaient emparées le 3 mars.