Les combats entre les troupes du maréchal Khalifa Haftar et les éléments des Bridages de défense de Benghazi (BDB) pour le contrôle du Croissant pétrolier libyen ne connaissent pas de répit. Le gouvernement de Tobrouk, non reconnu par la communauté internationale, dont dépend l'armée du maréchal Haftar, a perdu en grande partie, vendredi, le contrôle de cette région au terme d'une attaque éclair menée par les BDB, aidées par des milices soutenant, indiquent des sources, Khalifa Ghweil, leader du gouvernement du Salut national basé à Tripoli et également non reconnu par l'ONU. La zone objet de toutes les convoitises représente, à elle seule, 80% des capacités de la production pétrolière libyenne. Le pétrole totalise plus de 95% des revenus du pays. Depuis sa conquête il y a six mois par Khalifa Haftar, les exportations avaient repris de manière spectaculaire, permettant à la Libye de doubler (par rapport à 2016) sa production pétrolière à 700 000 barils par jour. Engagées dans une guerre de leadership, les différentes milices rivales libyennes savent bien que celle qui mettra la main sur les puits de pétrole aura de fortes chances de tenir les cordons de la bourse et de conquérir le pouvoir. Le gouvernement du Salut national de l'islamo-conservateur Khalifa Ghweil, qui était jugé comme étant la force la plus faible des trois gouvernements qui se disputent le contrôle de la Libye, montre ainsi qu'il est également un acteur incontournable sur l'échiquier. L'attaque lancée vendredi au cœur du Croissant pétrolier pourrait même changer la donne. A l'inverse, les derniers événements montrent que le poids du maréchal Khalifa Haftar et de son Armée nationale libyenne (ANL) sur le terrain était surfait. Les forces du gouvernement de Tobrouk dirigées par Khalifa Haftar ont admis, samedi, avoir perdu le contrôle d'une partie de Ras Lanouf, mais ont assuré tenir toujours le terminal pétrolier. Les Brigades de défense de Benghazi, qui soutiennent Ghweil, ont soutenu, quant à elles, être maîtresses du site ainsi que celui de As Sidrah, 30 km plus à l'ouest. Les puissantes milices de Misrata, qui viennent de libérer la ville de Syrte de l'emprise du groupe terroriste Daech, se tiennent pour le moment à l'écart des combats. Elles peuvent néanmoins faire pencher la balance d'un côté comme de l'autre, dans le cas où elles viendraient à s'engager dans le conflit. Il est très peu probable, cependant, que les chefs militaires de la coalition Fajr Libya (Aube de Libye) apportent leur soutien à Khalifa Ghweil, les deux parties se disputant le contrôle de Tripoli. Aussi, les ambitions de Khalifa Ghweil pourraient fort bien hâter la conclusion d'un accord entre le gouvernement d'union national (GNA) et le maréchal Haftar. Mais nous n'en sommes pas encore là. Des surprises peuvent encore se produire. Pour autant, le commandant en chef de l'ANL, soutenu par l'Egypte et les Emirats arabes unis, ne s'avoue pas vaincu. Les jours prochains devraient être marqués par une contre-offensive des forces du maréchal Haftar qui disposent sur les assaillants d'un avantage aérien. Mais le coût humain, économique et diplomatique de la flambée des combats qui s'annoncent risque d'être élevé. Il a d'ailleurs appelé hier les populations de la zone s'étalant de Syrte à Ras Lanouf à limiter leurs déplacements. Quoi qu'il en soit, ce nouvel épisode de violence va compliquer et surtout retarder les efforts régionaux de règlement de la crise libyenne.