Evènement A 19 ans, l'Afghane Moqadasa Sidiqi, réfugiée au Pakistan, est devenue ce samedi la première électrice à participer au scrutin historique qui doit désigner le futur Président. «Je suis vraiment heureuse. Je n'arrive pas à l'expliquer», a confié à la presse la jeune Afghane intimidée, la tête couverte d'un léger voile blanc. «Incha Allah (si Dieu veut), il y aura la paix dans notre pays», a-t-elle ajouté après avoir glissé son bulletin dans l'urne, dans un camp de réfugiés des abords d'Islamabad. «S'il y a la paix chez moi, je pourrai rentrer, pourquoi resterais-je ici ?», a-t-elle conclu. Les opérations de vote de la première élection présidentielle démocratique depuis l'indépendance de l'Afghanistan, en 1919, se sont ouvertes samedi au Pakistan, une demi-heure avant l'ouverture des bureaux de vote en Afghanistan en raison du décalage horaire. Plus de 740 000 réfugiés afghans étaient enregistrés au Pakistan, à Islamabad et dans les camps des alentours de Peshawar (nord-ouest) et Quetta (sud-ouest). Entre 400 000 et 600 000 électeurs étaient également appelés à voter en Iran où, comme au Pakistan de nombreux Afghans ont fui un quart de siècle de guerres et de crises. Jusqu'à quatre millions d'Afghans se sont réfugiés au Pakistan pour fuir les combats contre l'occupation par les Soviétiques (1979-89), puis la guerre civile entre factions armées (1992-96) et enfin l'oppression du régime fondamentaliste des talibans (1996-2001). Depuis la chute du régime des talibans, à l'automne 2001, quelque 2,2 millions d'entre eux sont retournés en Afghanistan. Plus d'un million de réfugiés continuent toutefois de vivre dans des camps, et plusieurs centaines de milliers d'autres vivent dans des zones urbaines, notamment à Karachi (sud), Peshawar et Quetta. Moqadasa et les 70 membres de sa famille élargie avaient ainsi quitté Kaboul en 1992, au début de la sanglante guerre civile que se sont livrées pendant quatre ans diverses factions afghanes pour le contrôle du pouvoir. La jeune fille, étudiante en sciences, a souhaité que l'élection présidentielle permette d'accorder une priorité à l'éducation dans l'Afghanistan du futur. «L'éducation est la clé de l'avenir de notre pays», a-t-elle estimé avant de voter, dans le coin réservé aux femmes, alors que les hommes votaient dans une section distincte du bureau de vote.