Les Afghans ont voté massivement samedi pour désigner leur premier président élu au suffrage universel. S'il ne fait aucun doute que l'actuel président intérimaire, Hamid Karzaï, sera reconduit au poste de chef de l'Etat, le fait notable hier, est que pour la première fois de leur histoire, les Afghans ont été appelés à choisir parmi 18 candidats, leur futur président. En fait, avant le scrutin de samedi, il y avait certaines craintes quant au déroulement du scrutin, notamment après les menaces des talibans de perturber les élections, faisant ainsi craindre une défaillance de l'électorat. Or, selon l'ONU, le vote a été massivement suivi, singulièrement à Kandahar, ancien fief du mollah Omar chef des talibans. Cette affluence électorale, outre de tourner une page sombre de l'histoire de l'Afghanistan, a montré par son symbolisme la portée d'une consultation électorale qui redonne aux Afghans leur statut de citoyens pouvant choisir leur dirigeant. Cette première élection, historique, malgré les quelques incidents, sans gravité qu'elle a connus ouvre en fait des perspectives nouvelles pour un pays qui prend peu à peu goût aux débats contradictoires et l'intérêt de la population pour le fait politique. Un Afghan, sortant des urnes s'est ainsi exclamé «C'est le plus beau jour de ma vie». Et il y a de quoi lorsque l'on songe que ce pays, il y a moins de trois ans était plongé dans l'horreur de l'intégrisme taliban quand des hommes et des femmes étaient égorgés dans le stade de Kaboul, spectacle macabre offert par les étudiants en théologie. Ces derniers, contrairement à leur menace d'empêcher le déroulement du scrutin, se sont fait plutôt discrets et il n'y eut aucun fait sérieux à relever samedi dans des élections, qui ont eu lieu dans des conditions fort acceptables selon les observateurs étrangers. Ainsi, l'Osce européen a jugé que: «les millions de personnes qui se sont rendues aux urnes voulaient se détourner de la loi des armes pour aller vers l'Etat de droit». et c'est un pas important qui a été effectué par les Afghans dans ce sens. L'ONG, Fefa (Fondation pour des élections libres et justes en Afghanistan) a estimé pour sa part qu'«un environnement assez démocratique a été observé en général dans la grande majorité des bureaux de vote». l'ONU s'est également félicité de la bonne tenue de ces premières élections pluralistes organisées (sous l'égide des Nations unies) en Afghanistan. Manoel de Almeida e Silva, porte-parole de l'ONU a indiqué à cet effet «Globalement les taux de participation à l'élection a été massif» le représentant de l'ONU a par ailleurs indiqué que le dépouillement, manuel, des bulletins devrait prendre deux à trois semaines, mais dit que des résultats partiels devraient être disponibles d'ici à deux jours. Il reste certes, les réserves émises par 14 des 18 candidats qui contestent la loyauté de ces élections parlant de fraudes et demandant même à ce que le scrutin soit annulé. Il ne fait pas de doute cependant que des irrégularités aient été commises ici ou là, mais en général isolées qui ne devrait pas avoir d'incidence sur le résultat final. C'est du moins ce que déclare le représentant de l'ONU, selon lequel «ces irrégularités et autres, doivent être examinées par la commission électorale» De son côté, Robert Barry chef de la délégation de l'Osce a affirmé: «Nous sommes d'accord avec la commission électorale sur le fait que la demande d'annulation formulée par les candidats est injustifiée». En effet, la commission électorale avait samedi débouté la demande d'annulation présentée par certains candidats, déclarant qu'aucune entorse aux règles du scrutin n'a été constatée. De nombreux candidats sont en fait revenus hier à de plus justes mesures de la situation dans un pays où une telle consultation était inimaginable il y a quelques mois. Beaucoup d'entre eux demandent toutefois qu'il y ait une enquête, à l'instar de Massouda Jallal, seule femme candidate à cette présidentielle afghane. 10, 5 millions de personnes ont pris part à cette première élection présidentielle en Afghanistan, rappelle-t-on.