Portrait - Plus de 80 ans après sa disparition, le peintre et écrivain Alphonse Etienne (Nasredine) Dinet continue de marquer par son empreinte indélébile et son aura omniprésente la région de Bousaâda qui lui doit, quant à elle, grandement la notoriété et l'attrait qui la distinguent. Partir à la découverte où (redécouverte) de Bousaâda, c'est réaliser le singulier lien entre cette ville avec son enfant d'adoption : Alphonse-Etienne Dinet (1861-1929), lequel a consacré une partie majeure de sa vie à la peindre magnifiquement, happé par sa beauté légendaire mais surtout par une sorte de souffle mystique que celle-ci exerça sur lui. Si bien que ce qui devait n'être qu'une escale parmi d'autres, a fini par devenir sa «toile éternelle». Et comme pour mieux s'identifier à la personnalité de cette Cité du bonheur, le célébrissime peintre orientaliste choisit, en 1913, d'être musulman et de se faire appeler Nasredine. Et si Bousaâda a autant envoûté Dinet, ce dernier le lui rendit bien : qui mieux que lui a brillamment reproduit à vif la luminosité exceptionnelle et les contours pittoresques de cette paisible contrée ? Qui a réussi à transcrire avec un tel doigté les pérégrinations quotidiennes de ses résidents, leurs déboires sentimentaux et leurs éclats de rires? reconnaît-on au plus célèbre des orientalistes. La «Vue de M'sila», les «Charmeurs de serpents», «Esclave d'amour et Lumière des yeux», «La Femme abandonnée», «Les Guetteurs», «Jeunes filles arabes», «Les Baigneuses» et autres sont quelques-uns de ses chefs-d'œuvre où réalité et mirage se confondent harmonieusement. Outre M'sila, il fût attiré par les wilayas de Laghouat, Biskra et Ghardaïa, mais c'est à Bousaâda qu'il choisit de s'installer définitivement en 1905, avec de fréquents voyages en France pour notamment y exposer et y vendre ses œuvres.Quelques-unes de ses toiles sont exposées dans le Musée national Etienne-Dinet à Bousaâda tandis que certaines autres se trouvent au Musée national des beaux-arts d'Alger et que d'autres se trouveraient en France. Le musée, sis dans l'antique quartier, constitue une escale majeure pour tout visiteur qui y découvre une collection de 107 œuvres (toiles, médailles, sculptures). Y sont également exposées les principales distinctions reçues par Dinet au cours de sa carrière, dont celles de la Société des artistes français lors de ses expositions en 1883 et en 1884. Le célèbre peintre a également légué à Bousaâda sa maison familiale, accessible depuis le musée avec lequel elle est mitoyenne. Elle renferme notamment les portraits des parents, quelques affaires personnelles de Dinet et se distingue par d'authentiques persiennes aux motifs de moucharabié, remontant au siècle dernier. Ultime offrande de Dinet à Bousaâda : sa dernière demeure dans laquelle il a recommandé, dans son testament, d'y reposer, même si la faucheuse devait survenir pendant son séjour en France. Il y est enterré aux côtés de son ami intime et guide spirituel, Slimane Ben Brahim Baâmer et de l'épouse de celui-ci. Nichée au cœur du mont Kerdada, la tombe constitue une autre escale incontournable pour tout touriste se rendant à Bou-Saâda.