Mensonges - Notable respecté, époux et père comblé, J.-C. Romand tua en 1993 cinq membres de sa famille. L'enquête démontra que, dix-huit ans durant, cet homme s'était inventé une vie factice. Enfermé dans ses mensonges, Romand préféra l'irréparable à l'aveu de ses supercheries. Né en 1954, Jean-Claude Romand est le fils unique d'un garde-forestier jurassien et d'une mère au foyer. Grandissant dans une famille relativement fermée, l'enfant se montre timide et dépourvu d'assurance. Excellent élève, il fit la fierté de ses parents. En 1971, il s'inscrivit dans une classe préparatoire pour passer le concours des eaux et forêts mais abandonna en cours d'année, prétextant des problèmes de santé. Romand avouera plus tard, au sujet de ce moment de sa vie «Je n'avais pas le courage d'avouer à mon père que je ne voulais plus faire le même métier que lui. La maladie était un prétexte». En 1972, il s'inscrivit au concours d'entrée en médecine, à Lyon, mais échoua à l'examen. En 1974, il réussit toutefois sa première année de médecine avant d'échouer aux examens de l'année suivante ayant, selon ses dires, oublié de se réveiller pour participer à une épreuve. Décidé à passer l'épreuve de rattrapage en septembre, il ne se présenta pas à l'examen. Il déclara à ce sujet s'être brisé le poignet deux jours avant l'épreuve, à la suite d'une chute dans les escaliers. Une analyse ultérieure de son dossier médical ne laissera toutefois pas apparaître la trace de cet accident. Afin de ne pas peiner ses parents, il déclara faussement être passé en troisième année créant ainsi, en septembre 1975, le mensonge fondateur, clé de toute cette affaire. Il continua à assister aux cours, mais ne passa jamais plus d'examen, tout en prétendant les avoir réussis. Enfermé dans ses mensonges, Romand fit par la suite savoir qu'il avait été reçu cinquième au concours de l'internat. Puis il devint, tout aussi faussement, chercheur à l'Inserm, maître de conférences à l'université de Dijon, et finalement membre de l'Organisation Mondiale de la Santé, à Genève, en 1980. L. Aït Saïd