Ce comédien de talent à la voix fine et aiguë ? particularité qui l'a toujours distingué dans ses réparties à son «chef» et ami, le défunt inspecteur Tahar ? faisait partie de cette catégorie d?acteurs qui avaient le don d'exceller dans différents registres. Si son nom demeure pour longtemps encore étroitement lié aux aventures de son ami de toujours, l'inspecteur Tahar, l'aisance dont il fit preuve dans Le Clandestin, aux côtés d'une pléiade d'artistes aussi talentueux les uns que les autres, allait révéler toute la plénitude d'un personnage qui, au travers de «piques» lancées à l'endroit de son «chef», avait cette habitude de tout tourner en dérision en opposant l'intelligence à l'absurde. Yahia Benmabrouk, personnage au corps frêle, réussit aux cotés de nombreux autres artistes à s'ancrer dans la mémoire collective en dépit de leur disparition. Comme beaucoup d'autres qui passeront par les tréteaux au contact de Mahieddine Bachtarzi et Mustapha Kateb avant de s'initier aux caméras, il aura apporté au cinéma cette touche algérienne aux accents sincères et désintéressés parce que cette génération d'artistes, qui a épousé l'art pendant la Révolution, n'a jamais dissocié son combat d'hier de son action d'aujourd'hui. Vingt-trois ans après la disparition de celui avec qui il faisait équipe, le défunt Hadj Abderrahmane, Yahia Benmabrouk quitte ce monde avec la satisfaction d'avoir été lui-même. Un artiste qui n'a jamais triché, qui a donné la pleine mesure de son talent et qui s'est résigné à son sort parce que croyant profondément au destin.