C?est une femme ordinaire qui, comme les 34,6 % de femmes algériennes sans instruction, se bat dans l?ombre et vit uniquement pour sa marmaille d?enfants. Une femme qui prête main-forte à son mari pour subvenir à des besoins croissants. Pourtant, elle n?a aucun diplôme qui lui permettrait d?accéder à un poste gradé car elle n?a jamais mis les pieds à l?école. Elle ne sait ni lire ni écrire. Besogneuse du matin au soir sans la moindre plainte. Chaque jour est une nouvelle bataille contre le destin, la misère, la pauvreté et la privation. Une autre victoire ou un autre échec. D?autres larmes de douleur versées dans l?obscurité de la maudite tente qui l?abrite. Le Code de la famille, le droit, la justice, l?inégalité des sexes, elle n?en sait rien. D?ailleurs, cela ne l?intéresse guère. Son existence se résume à remplir le ventre vide de ses mômes, à assurer leur scolarité, à les vêtir et surtout à se battre encore et toujours dans l?espoir de leur trouver un toit décent et confortable. Habiba est une mère algérienne. Une inconnue qui se bat. Une mère-courage qui se livre à toutes les batailles pour la survie de ses enfants. «Je donnerai tout pour mes rejetons. Ma famille est aussi démunie que moi, elle ne peut plus rien m?offrir», marmonne-t-elle. Son visage d?enfant ne porte aucune ride, sa chevelure noire est intacte. Aucune mèche grise et rebelle pour lui rappeler cette vieillesse qui accourt et ces années qui s?égrènent. C?est l?histoire d?une femme qui nous apprend que la vie est la plus grande des écoles.