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«Pour l?amour de mes enfants»
Publié dans Info Soir le 13 - 10 - 2004

Sanction Mohamed est en détention depuis plus de quinze jours à la prison d?El-Harrach.
Cet adolescent aux cheveux noir corbeau et aux yeux pétillants a été poussé par l?un de ses amis à voler le sac d?une passante, dans une ruelle d?Alger, un certain soir.
«Son ami lui a dit que même s?il était capturé par les policiers, il serait relâché, ils ne lui feraient rien, car c?est un mineur», justifie sa mère. Difficile pour elle de faire cet aveu. Elle n?a pas voulu reconnaître tout de suite que son fils a véritablement commis un vol. Le lendemain de l?incident, la femme victime, écoutant les indications de certains, a repéré la vieille tente. Accompagnée d?un policier, elle est venue reprendre son sac et les 1 500 DA qui s?y trouvaient. «Je n?avais aucun sou sur moi. J?ai beaucoup de mal à faire vivre mes gosses. D?où lui ramener cet argent ? Nous n?avons pas pu parler. Elle a été vulgaire avec moi et mon mari. Je n?ai pas accepté d?être insultée. Elle a alors menacé de recourir à la justice, et elle l?a fait.»
Les trémolos nouent la voix de Habiba. Ses yeux s?écarquillent. Elle retient son souffle en posant sa main potelée sur sa poitrine débordante. Son corps dodu semble épuisé par le poids de la douleur, de la solitude et d?un combat qu?elle mène depuis sa naissance ! «La dernière fois, lorsque je suis allée lui rendre visite dans sa cellule, il m?a demandé de lui pardonner.
Il regrette son geste et il veut sortir avant le mois de ramadan. Il souhaite le passer auprès de sa famille et non pas seul, dans une cellule froide. Je ne sais plus comment faire pour m?en sortir !» Habiba éclate en sanglots. Elle s?assoit sur une chaise, retient de nouveau son souffle avec la paume de sa main, posée sur sa poitrine. «N?ayant pas rendu l?argent à la femme, mon fils a été mis en détention. J?ai fait appel à un avocat qui a exigé 10 000 DA. D?où ramener cette grande somme ? Mon salaire de concierge est de 8 000 DA. Il est insuffisant. J?ai supplié l?avocat en lui disant que je suis une pauvre mère, que je n?ai pas d?argent. Mais il n?a rien voulu comprendre. Il m?a dit que cette somme paierait au moins les démarches qu?il allait entreprendre.»
En effet, pour un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême, il faut verser 10 000 DA. Les larmes inondent son visage ravagé par les années. De temps à autre, elle essuie sa frimousse avec le bout de sa robe délavée.
«Qui peut m?aider ? C?est une grande responsabilité. Je n?en peux plus. Je me bats pour mes enfants. J?ai peur de perdre un de ces jours la tête. Qui s?en occupera après ?»
Dès que l?une des filles rentre dans la pièce, la mère affligée lui ordonne de sortir. Elle refuse que ses enfants ressentent ses moments de faiblesse de mère fragilisée et étriquée.
«Je veux les encourager à vivre et à étudier. Je ne veux pas qu?ils aient le même sort que moi», martèle-t-elle, effondrée.


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