Résumé de la 2e partie n Tahar est si mal au point que les autorités françaises peuvent refuser de le laisser prendre l'avion pour l'Algérie. Le médecin met encore un bon quart d'heure avant d'arriver. Il va vers les policiers qui le dirigent vers le malade. Il le regarde longuement, lui prend la main pour lui tâter le pouls. Il le pince même à la joue. Tahar gémit doucement et ouvre un œil. — Ça va ? demande-t-il. — Oui, dit Tahar dans un souffle. Le médecin se retourne vers Salah et Mohammed. — C'est vous qui accompagnez cet homme ? — Oui, dit Salah, c'est mon oncle ! — De quoi souffre-t-il au juste ? — Un cancer, dit Salah à voix basse, comme s'il craignait que le vieux ne l'entende. Un cancer au stade terminal... — Son état est très grave... Il peut mourir dans l'avion ! — Il tiendra le coup, il veut retourner chez lui pour mourir ! Tahar s'est mis à geindre. Le médecin se penche vers lui. — Vous avez mal, grand-père ? Vous voulez qu'on vous emmène à l'hôpital ? — Non, non... souffle Tahar, s'il vous plaît, laissez-moi partir... Je veux retourner auprès de ma famille... — Laissez-le partir, insiste Salah, il tiendra le coup... Voilà quarante ans qu'il n'a pas revu sa famille ! Mohammed se dit qu'il doit exagérer pour apitoyer le médecin. Celui-ci fronce les sourcils, sceptique. Il ne répond pas. Il va vers les policiers et leur dit quelque chose. Salah et Mohammed retiennent leur souffle tandis que Tahar, tombé de nouveau en léthargie, s'est remis à geindre doucement. Un des policiers va vers le groupe. — C'est bon, vous pouvez passer ! C'est le soulagement. Les formalités sont rapides. On se retrouve dans la salle d'embarquement. — Satisfait ? demande Mohammed à Salah. — Oui, il pourra enfin rentrer chez lui. Le jeune homme adosse le fauteuil à un mur, il prend Mohammed à part. — Tu veux connaître son histoire ? — Oui, dit Mohammed. — Eh bien, cet homme, que tu vois là, a passé près des trois quarts de sa vie dans ce pays... Mohammed est rêveur : l'homme a passé une partie de sa vie en France, autrement dit, s'il a soixante-dix ans, il a vécu ici près de cinquante ans ! Comment après une si longue période, pense-t-on à retourner chez soi, retrouver les siens ? Mais où a-t-il vécu ces cinquante années daffilées ? Est-il retourné chez lui ? — ça t'étonne ? demande Salah. — Oui, dit Mohammed. A suivre