Projection - La Mostra de Venise, le plus vieux des festivals de cinéma, démarre aujourd'hui sa 74e édition avec une satire sociale en mode science-fiction du réalisateur américain Alexander Payne et un premier tapis rouge déroulé pour la vedette planétaire Matt Damon. Dans "Downsizing", un homme ordinaire d'Omaha (Matt Damon) rêve d'une vie meilleure avec sa femme (Kristen Wiig). La planète est confrontée à une crise de surpopulation et le couple décide de profiter d'une radicale découverte de scientifiques pour rétrécir à 13 centimètres de hauteur. La solution pour dépenser beaucoup moins d'argent et s'octroyer un quotidien inespéré. Seul hic, l'épouse du nouveau lilliputien va changer d'avis à la dernière minute... Payne, fin observateur des faiblesses humaines, souvent explorées avec une bonne dose d'humour en demi teinte, raflera-t-il un Oscar grâce à son coup d'envoi vénitien ? Le directeur artistique de la Mostra, Alberto Barbera, aime répéter que faire l'ouverture de la Mostra constitue un tremplin gagnant pour des films qui ont ensuite décroché le graal hollywoodien. "La La Land", "Gravity" et "Birdman", tous présentés en avant-première mondiale à Venise, ont ainsi raflé une pluie d'Oscars. Dès lors, le film d'ouverture - de préférence américain, médiatique et accessible - est choisi avec le plus grand soin par les organisateurs. Alexander Payne avait décroché six nominations aux Oscars avec son précédent opus "Nebraska", tourné en noir et blanc, un road movie mélancolique aux dialogues décapants, autour d'un vieil homme qui n'a plus toute sa tête et un fils qui va lui prouver son amour. A 56 ans, le réalisateur américain d'origine grecque a multiplié les récompenses et a déjà été oscarisé pour les scénarios de "Sideways" et "The Descendants". Son septième film sera en lice à Venise pour remporter un prestigieux Lion d'Or face à vingt concurrents aux profils variés. Au total cinq réalisateurs américains - les mieux représentés -, quatre Italiens, deux Britanniques, trois Français, un Mexicain, un Australien, un Israélien, un Libanais, un Japonais et deux Chinois sont attendus dans la lagune. Jeudi, le festival entrera dans le vif du sujet avec trois avant-premières mondiales aux thématiques très différentes, à commencer par "First reformed" dernière oeuvre du vétéran d'Hollywood Paul Schrader. Un ancien aumônier militaire (Ethan Hawke), ravagé par la mort de son fils, se retrouve confronté aux secrets de son église, complice d'affaires louches avec des multinationales peu éthiques. Les fans des sombres fables fantasmagoriques du Mexicain Guillermo del Toro découvriront "The Shape of Water", récit en pleine Guerre froide de la relation entre une femme de ménage muette (Sally Hawkins) et une créature marine cachée par des scientifiques dans le laboratoire ultra-secret où elle travaille. Enfin, le Libanais Ziad Doueri présentera "L'insulte", histoire de la longue bataille judiciaire entre un chrétien libanais et un palestinien, qui va se transformer en affrontement national. - Cette 74e édition accueillera en particulier le 1er septembre Robert Redford (81 ans) et Jane Fonda (79 ans), venus recevoir Un Lion d'Or pour l'ensemble de leur carrière et promouvoir leur nouveau film côte à côte, produit par Netflix. Un autre vétéran, le réalisateur britannique Stephen Frears (76 ans), dont les films comme "The Queen" ou "Philomena" ont obtenu de nombreuses récompenses, recevra pour sa part le prix "Gloire au réalisateur", le 3 septembre, avant la présentation de son dernier film, "Confident royal". Le film raconte l'histoire vraie de l'amitié improbable et contraire aux conventions entre la reine Victoria (Judi Dench) et un secrétaire indien à la fin du XIXe siècle. C'est l'actrice américaine Annette Bening ("Les Arnaqueurs", "American Beauty") qui a été désignée présidente du jury. Elle sera secondée par trois cinéastes (le Mexicain Michel Franco, le Britannique Edgar Wright, le Taiwanais Yonfan), la réalisatrice hongroise Ildikó Enyedi, trois actrices (la Britannique Rebecca Hall, la Française Anna Mouglalis, l'Italienne Jasmine Trinca), ainsi que par le critique de cinéma anglo-australien David Stratton.