Richesse - Les vestiges historiques de Honaine, commune chef-lieu de daïra située à une cinquantaine de kilomètres de Tlemcen, constituent un site majeur pour le patrimoine culturel national. C'est ce qu'a indiqué hier mardi l'archéologue et historien Abderrahmane Khelifa lors d'une conférence intitulée "Honaine la médiévale", animée au Centre des études andalouses de Tlemcen relevant du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH). Cette cité renferme de nombreux sites et monuments historiques millénaires qui ont fait d'elle un passage obligé pour la "Route de l'or", a-t-il évoqué Cette importance, Honaine la doit à la triangulation qui marque son implantation à quelques vols d'oiseau de Siga, berceau du royaume de Syphax (Aïn Temouchent), Altava la romaine (Ouled Mimoune actuellement) et Pomaria, a-t-il signalé, rappelant qu'elle a fait l'objet, en 1993, de sa thèse de doctorat soutenue brillamment à l'université d'Aix-en-Provence . Honaine fut appelée par les romains Gypsaria et Artisiga. Les Espagnols lui donnèrent l'appellation de "One", a indiqué le conférencier. Son intérêt pour Honaine remonte à 1970, année à laquelle il décida de lancer des fouilles archéologiques sur place pour mettre au jour d'importants sites et monuments historiques enfouis, par les effets du temps et par les occupants espagnols et coloniaux, notamment, a-t-il fait savoir. Certains de ces monuments, dont des stèles très anciennes, sont exposés au musée de Tlemcen, a-t-il ajouté, déplorant les dégradations subies par la cité médiévale du fait des constructions. Honaine, qui a connu une grande apogée après la naissance d'Abdelmoumène Ben Ali El-Mouahidi El-Koumi, fondateur de la dynastie des Almohades, drainait l'or à travers son passage où des ruines existent toujours, notamment des tours de guet, dont celle de Sidi Brahim. Les expéditions d'Abdelmoumène Ben Ali après sa rencontre avec Ibn Toumerte à Béjaïa vont conférer à cette cité un rôle majeur, a-t-il évoqué, rappelant la destruction du vieux rempart de l'ancienne cité par les habitations édifiées en 1928 et par le village de regroupement de l'armée coloniale française en 1950. Les fouilles effectuées par Abderrahmane Khelifa ont permis de mettre à jour, également, la Casbah et le port et son chenal, entre autres. Les ports de Mahdia en Tunisie, de Salé au Maroc et de Béjaïa en Algérie avaient ce même type de chenal qui ouvrait la voie du port aux embarcations, a-t-il fait savoir, rappelant la prise en main de la "Route de l'or" par la tribu des Banou Hillal aux dépens des rois zianides. Selon le conférencier, ces mêmes fouilles ont mis au jour de nombreuses maisons comme décrites par Léon l'Africain au XVe siècle, renfermant 12 formes de puits et des céramiques vernissées. Cette même cité abrita le port des Ifrenides, lequel deviendra plus tard le port le plus important des Almohades en Afrique du Nord, qui sera par la suite l'un des deux ports des Zianides de Tlemcen. Le port sera partiellement détruit en 1534, après une brève occupation espagnole. Honaine a vu débarquer un nombre important de réfugiés morisques. Lors des débats, l'accent a été mis par l'orateur sur l'intérêt de protéger ce qui reste de vestiges enfouis sous terre à Honaine, ainsi que les parties de remparts et tours de guet encore debout. L'assistance s'est intéressée, également, au livre écrit en 2007 par Abderrahmane Khelif et intitulé "Honaine, ancien port du royaume de Tlemcen" qui décrit cette cité qui abritait le vieux port qui constituait, entre la période allant du XIIIe au XVe siècle, la porte du Maghreb arabe par laquelle s'opéraient les échanges de commerce entre l'Andalousie, l'Europe et l'Afrique.