Défaite - Ll'échec dimanche soir des négociations pour former un gouvernement pourrait à terme signer la fin de sa carrière politique. Faute d'alternative, la première puissance économique européenne se prépare à plusieurs semaines ou mois de paralysie politique, sur le plan national comme en Europe. Au final, les Allemands pourraient devoir retourner aux urnes en début d'année prochaine, alors qu'ils viennent fin septembre d'élire leurs députés. Au pouvoir depuis 2005, la chancelière a certes remporté ces législatives mais avec le pire score depuis 1949 pour son parti conservateur, dans un contexte de percée de l'extrême droite et de mécontentement face à l'arrivée de plus d'un million de migrants. Cette situation, ajoutée au refus des sociaux-démocrates de continuer à gouverner avec elle, la prive de majorité évidente au Bundestag. Depuis plus d'un mois, elle négociait du coup une coalition sur le papier contre nature - et encore jamais expérimentée au plan national - entre son parti conservateur (CDU-CSU), les Libéraux, et les Ecologistes. Après plus d'un mois de tractations laborieuses et un dernier week-end marathon, les Libéraux ont jeté l'éponge dimanche soir en jugeant les positions des uns et des autres trop antagonistes. «Il est préférable de ne pas gouverner que de mal gouverner», a déclaré à la presse à Berlin le président du FDP Christian Lindner. M. Lindner a jugé qu'il n'y avait pas de «positions communes et de confiance mutuelle» suffisantes pour envisager un gouvernement de ce type pendant quatre ans. La chancelière a «déploré» cette décision, estimant qu'un accord aurait été possible avec un peu plus de volonté de compromis. Dans l'immédiat, elle doit continuer à diriger, comme elle le fait depuis un mois, un gouvernement qui se contente de gérer les affaires courantes et ne peut donc prendre aucune décision majeure. Elle a promis de «tout faire pour que ce pays soit bien dirigé au cours des semaines difficiles à venir». La chancelière a dit vouloir consulter lundi le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, à qui la constitution confère un rôle clé pour les choix à venir. La constitution ne fixant pas de limite pour la formation d'un gouvernement, Angela Merkel peut en théorie, après une pause, faire une nouvelle tentative de coalition avec les quatre partis. Mais compte tenu des divisions, la tâche s'annonce rude. Elle peut aussi essayer de convaincre les sociaux-démocrates de revenir sur leur refus de gouverner avec elle. Mais le SPD ne cesse de réitérer son souhait de faire une cure d'opposition. La chancelière a pour le reste rejeté l'idée de se faire élire pour un quatrième mandat à la tête d'un gouvernement minoritaire. Reste donc l'issue la plus probable : de nouvelles élections. Et dans un pareil cas de figure, Angela Merkel aura toutes les peines à convaincre son parti de mener la bataille. L'échec gouvernemental de dimanche est aussi son échec personnel. Il intervient alors qu'elle est sortie déjà fragilisée des élections législatives après le score décevant de son parti, où son cap centriste est de plus en plus contesté par l'aile droite du mouvement. Et selon un sondage, plus de 60% des Allemands pensent qu'elle ne pourra plus rester en poste désormais.