Miroir -«Off frame, la révolution jusqu'à la victoire», un documentaire rétrospectif sur la résistance du peuple palestinien dans sa lutte de libération, a été projeté mercredi soir à Alger en présence de son réalisateur Mohanad Yaqubi. En compétition au 8e Festival international du cinéma d'Alger (Fica) dédié au engagé, ce long métrage de 62 mn donne un aperçu rétrospectif sur le combat du peuple palestinien qui ne désarme pas face à l'occupation israélienne. Basé sur des archives, dont des images de télévision, coupures de presse et photos sur la cause palestinienne, le documentaire met en évidence le travail des cinéastes militants, engagés en faveur de la cause pour se réapproprier le patrimoine filmique palestinien, a expliqué le réalisateur. «Off frame, la révolution jusqu'à la victoire» se focalise sur la résistance des années 1960 et 1970 à travers les témoignages (tirés d'archives) de figures de proue du mouvement de résistance palestinienne, à l'instar de Yasser Arafat. Appuyé de témoignages de résistants et civils blessés, le documentaire donne également la parole à des militants anticolonialistes étrangers et dénonce, en toile de fond, les souffrances causées aux Palestiniens. De scènes d'entraînement de résistants, de bombardements menés par les forces d'occupation à des instants de vie quotidienne à Ramallah, le réalisateur parcourt les territoires occupés, sous différents angles, de ce pays soumis à la violence et à la persécution. Egalement enseignant de cinéma, Mohanad Yaqubi a précisé, lors des débats avec le public, que son documentaire donnait un aperçu historique sur la résistance de ses compatriotes face à l'occupant. «‘Off frame, la révolution jusqu'à la victoire' est une réflexion sur la lutte des Palestiniens pour recréer sa propre image et sa propre représentation des années 1970», a-t-il encore souligné. Plus tôt, un autre film documentaire consacré à la cause palestinienne a été projeté à la salle El Mougar. Il s'agit de «Jean Genet, un captif amoureux». En 1982, Jean Genet est le premier européen à entrer dans le camp de Chatila à peine quatre jours après les massacres où il était accompagné de l'ex-représentante de l'Organisation de libération de la Palestine (Olp) à Paris, Leïla Shahid. Une expérience qui l'a ramené à l'écriture, après plus de 20 ans de silence littéraire. De retour de Chatila, Jean Genet, très malade, publie un des textes majeurs de sa vie de militant, «Quatre heures à Chatila», un travail qui sera suivi de deux longs séjours au Moyen-Orient en compagnie des Fidaïyn dont il analyse l'engagement, la personnalité et le rapport aux armes et la mort. Des universitaires qui ont travaillé sur l'œuvre de Jean Genet, comme Albert Dichy ou Emmanuelle Lambert, évoquent dans le film un texte qui a «donné une terre aux Palestiniens» et qui a «restitué ce peuple dans tout ce qui lui était interdit», à savoir un peuple capable de révolte, d'amour, de joie, ou encore d'espoir. Leïla Shahid qui a longtemps accompagné Jean Genet parle de son livre, «Un captif amoureux», publié à titre posthume, où elle le redécouvre amoureux d'un peuple qui «acquiert de la beauté en se révoltant». Ces deux mouvements ont «ramené Jean Genet dans le monde réel», témoigne-t-elle. Mené comme un film documentaire, «Jean Genet, un captif amoureux» propose un montage intéressant d'images d'archives souvent mises en scène comme images de transition entre les témoignages, ou pour habiller des lectures de textes ou des enregistrements sonores de l'auteur. Par ailleurs, ce film de 74 mn, qui est aussi en compétition au 8e Fica, se focalise sur l'engagement de Jean Genet (1910-1986) auprès du mouvement révolutionnaire afro-américain des Black Panthers, qu'il décide d'accompagner et de prendre publiquement position pour eux.