Hiérarchie - La phase-aller du championnat de Ligue 1 Mobilis s'est achevée, il y a une semaine, avec la consécration du CS Constantine champion d'automne. Le club-phare de l'Antique Cirta n'a pas usurpé sa place compte-tenu du parcours presque parfait qu'il accomplit depuis le début d'une saison qui s'annonce fructueuse. C'est pratiquement le même cas pour la formation du grand sud-ouest, la JS Saoura qui pointe juste derrière et à deux longueurs de retard (29 points contre 31). Et puis, ces deux clubs sont talonnés par deux autres et qui ne sont ps des moindres : l'USM Alger, du richissime Ali Haddad, patron du groupe ETRHB, et le MC Alger, toujours parrainé par la Sonatrach, respectivement aux troisième et cinquième place du classement. Du coup, un fait saute aux yeux : ce sont les clubs ‘'riches'' qui sont sur le podium, contrairement à des formations plus modestes ou qui se débattent dans une crise financière, comme c'est le cas de l'USM El-Harrach dont les joueurs ne sont pas payés depuis des mois. Voir d'autres formations interdites de recruter durant le mercato hivernal pour n'avoir pas payés les arriérés de leurs joueurs ou entraîneurs. Cette situation exacerbe plusieurs acteurs du football algérien qui voit en elle une injustice et un partage inéquitable des richesses, surtout lorsqu'il s'agit de l'argent public. Si un privé a le droit de prendre en charge un club et de financer les montants qu'il voudra, est-il le cas pour des entreprises nationales publiques, comme la Sonatrach ? Longtemps, des clubs comme la JS Kabylie ou l'ASO Chlef, pour ne citer que ceux-là, ont dénoncé, à travers leurs premiers dirigeants, les deux poids et deux mesures des pouvoirs publics en matière d'accompagnement des clubs dits professionnels. Du temps de Moh Chérif Hannachi, ce dernier ne mâchait jamais ses mots en s'attaquant frontalement à ceux qui ont décidé un jour d'aider trois clubs (MCA, CSC et JSS) sur on ne sait quel critère - y compris celui de l'équilibre régional - et pas d'autres. D'où l'intérêt, aujourd'hui, d'exploiter les recommandations du dernier Symposium sur le Renouveau du football algérien organisé par la FAF pour aller sur de nouveaux mécanismes et un modèle plus adapté pour nos clubs, avec une meilleure distribution des deniers et surtout une traçabilité et une gestion rigoureuse, doublée d'un contrôle et de prise de sanction en cas de dépassement ou de détournement. Il convient de rappeler que le mouvement sportif national, et notamment le football national, a connu plusieurs réformes : allant des unités économiques et administratives en 1971, au lancement du professionnalisme avec 32 clubs en 2010, en passant par la reforme avec les ASP et les ASC en 1977, le désengagement de l'Etat des clubs en 1989 et la la reforme liée aux changements institutionnels dans le pays et la volonté d'aller vers une économie de marché à partir de 1990. Ces changements bruts, sans profonde réflexion et préparation d'un environnement adéquat n'ont pas eu un impact positif sur le football, qui, ailleurs, est une véritable industrie du spectacle avec des règles, un mode opératoire et un modèle économique en mesure d'assurer la pérennité et le développement du professionnalisme. Sans occulter, bien évidemment, le football amateur qui n'est autre que le vivier du premier et toutes ses articulations et autres passerelles à mettre en place pour permettre la prospérité des deux footballs.