Si on ne peut pas reprocher une chose au nouveau pensionnaire de l'institution qui fait face à la place du 1er-Mai, ce serait certainement de ne pas avoir ouvert l'épineux dossier de la professionnalisation du football algérien. Depuis sa nomination en lieu et place d'El-Hachemi Djiar, le nouveau patron du sport algérien, Mohamed Tahmi, a tenté de baliser au maximum le terrain d'une nouvelle réforme de ce fastueux projet du professionnalisme. À cette réforme que tous ceux qui suivent de près l'actualité footballistique nationale attendent avec impatience pour voir plus clair dans ce nouveau mode professionnel instauré à la va-vite et presque n'importe comment, le MJS a omis de donner plus de précisions pour situer, justement, le niveau des changements espérés. L'annonce émanant du 1er-Mai a eu l'effet escompté. Tous ceux qui s'étaient empressés d'affirmer que, désormais, “Ça va changer !", attendent autant le fond que la forme de ces nouvelles règles. Sur le plateau de la Télévision publique, Mohamed Tahmi n'a-t-il pas annoncé une décantation et un changement de la cartographie footballistique algérienne avec, désormais, seize clubs professionnels seulement sans pour autant définir les critères sur lesquels se baseront ses “experts" retirés des fédérations pour désigner quelle SSPA (société sportive par actions) avait le quitus pour le rester et quelle autre était condamnée à un retour en arrière, vers le bon vieux modèle CSA ? Le même ministre n'a-t-il pas, en parallèle, affirmé que les futurs et encore virtuels centres de formation, baptisés précipitamment “bases d'entraînement", seront totalement pris en charge par l'Etat puis cédés sous forme de concession de longue durée aux clubs sans toutefois donner plus de précisions sur le cadre spatio-temporel de cette démarche à venir ou sur les garanties qu'il aurait eu ou non des autres départements ministériels concernés ? Apparemment pressé de tracer les contours de ce que sera cette nouvelle loi sur le professionnalisme, à la faveur d'un effet d'annonce resté, depuis, sans effet, Mohamed Tahmi a encore avancé dans sa démarche “virtuelle" en indiquant dernièrement que les sociétés étrangères avaient également le droit d'investir dans une SSPA, de façon à entretenir l'espoir des onze clubs de l'élite nationale à n'avoir pas encore trouvé preneur et de les rassurer sur l'éventualité d'une possible imitation de l'opération “main tendue de la Sonatrach" par des mécènes venus d'Europe, du Golfe ou, qui sait, des Amériques ! L'USM Alger du richissime Ali Haddad, le Chabab de Constantine désormais acquis à Tassili Airlines, le MCA de nouveau sous l'égide de Sonatrach, le Mouloudia d'Oran et la JS Saoura promis respectivement à Naftal et à l'Enafor ne sont, d'ailleurs, pas concernés par ces “investissements étrangers" auxquels, disons-le franchement, pas grand monde ne croit. Et ce, pour plusieurs raisons, dont la plus évidente est liée à cette abstention des sociétés algériennes vis-à-vis de clubs tout aussi algériens ! Comment alors une société étrangère accepterait, ou serait intéressée, par une SSPA de Ligue 1 ou de Ligue 2 au moment même où des sociétés nationales n'y voient, à juste titre d'ailleurs, aucun intérêt ? Le peu d'optimisme qui échapperait à cette logique se heurterait, ensuite, fatalement, à la fameuse loi des 51-49 propre aux fonds d'investissements étrangers. On verrait, ainsi, très mal un richissime homme d'affaires qatarien, au cas où il tenterait “l'aventure algérienne" au moment où d'autres de ses compatriotes investissent au FC Barcelone et au Paris Saint-Germain, accepter de n'avoir aucun pouvoir de décision ! Surtout qu'il faudra avoir une espérance de vie assez longue pour espérer assister à un retour sur investissement au moment où les clubs n'ont aucun réel pouvoir attractif en marketing sportif et ne peuvent, pour le moment, aspirer à gérer les enceintes sportives où ils évoluent chaque week-end pour en tirer quelques dividendes. S'il avait visé à créer un effet d'attraction sur le public sportif national avant même que les jalons de son projet ne soient jetés par le seul biais de ses annonces à répétition, “Docteur" Tahmi aurait parfaitement réussi. Mais s'il l'a fait en étant convaincu d'avoir raison, d'être dans le vrai et d'avoir emprunté le bon chemin pour réussir la mission dont on l'a chargé, Mohamed Tahmi devra être plus que jamais “patient". En attendant un “remède" miracle. R. B.