Alfredo Stranieri, 46 ans, surtout connu pour de petites escroqueries, répond à partir d'aujourd'hui devant la cour d'assises de l'Essonne, à Evry, de quatre assassinats perpétrés en 1997 et 1999 dans l'Essonne et l'Aveyron et d'une tentative d'assassinat à Viry-Châtillon (Essonne). Malgré un faisceau de présomptions qui le désigne comme étant l'assassin de deux couples dont il avait repris les affaires sans en avoir les moyens financiers, Stranieri a toujours nié les faits. Il reconnaît seulement avoir tiré sur Simon Cohen, un chef d'entreprise venu lui vendre sa Jaguar en janvier 1999. Mais c'était, soutient l'accusé, pour se défendre car Cohen, accompagné de complices, des trafiquants de voitures, voulait le tuer. Simon Cohen survivra, grièvement blessé. Le drame avait eu lieu dans la discothèque le New Love, à Viry-Châtillon, un établissement dont Stranieri avait repris la gérance le 13 novembre 1997. Le soir même de la signature des papiers de cession, le propriétaire de la boîte de nuit, Frédéric Adman, 56 ans, et sa compagne, Nathalie Girard, 30 ans, disparaissaient. Le couple, tué par balles, ne sera retrouvé qu'un an et demi plus tard, le 19 juillet 1999, dans le jardin du New Love, grâce à l'obstination du père de la jeune femme qui avait noté qu'un coin de terre avait été retourné. Le lendemain de cette découverte, deux autres corps, ceux de Nicole Rousseau, 55 ans, propriétaire de l'auberge La Bouriatte, à Bez-de-Naussac (Aveyron), et de son ami Claude Mouly, 60 ans, étaient retrouvés dans le parc, tous deux le crâne fracassé. Le couple était porté disparu depuis trois mois, là encore, juste après une vente à Stranieri, qui avait acheté sous le prénom de son frère, Mario. Entre-temps, Stranieri, en fuite depuis qu'il avait tenté de tuer Simon Cohen, a été interpellé et confondu par ses empreintes. Un lien entre les quatre assassinats finit par être établi par les enquêteurs. Petit, trapu, Alfredo Stranieri est décrit comme un homme plutôt sympathique par ceux qui l'ont connu. Ce Calabrais naturalisé français en 1982 s'était fait une spécialité de la reprise d'affaires commerciales (cave à vin, entreprise de BTP, discothèque, auberge) pas toujours très claires, qui lui ont valu diverses interdictions de gérer. Alors qu'il est mis en examen et incarcéré pour assassinats et tentative, son passé de petit escroc l'a encore rattrapé : il a été condamné à cinq mois de prison pour une escroquerie à la DIAC, organisme financier de Renault, perpétrée en utilisant frauduleusement le nom de Lorrain de Saint-Afrique, ancien conseiller de Jean-Marie Le Pen. Alfredo Stranieri encourt la réclusion criminelle à perpétuité. (à suivre...)