«Il y avait ce qu'il y avait Il y avait des basilics et des lys Sur les genoux du Prophète Sur lui prière et salut.» Il y avait dans un pays deux frères : l'un était riche et l'autre n'avait pas devant lui le repas d'un soir. Un jour, les hommes sages allèrent trouver le riche et lui demandèrent : «Pourquoi n'aides-tu pas ton frère ? Il n'a rien alors que tu possèdes de grandes richesses.» Le temps passa et vint l'Aïd. Le riche dit à sa servante : «Voilà un mouton, un sac de semoule et un pot de beurre. Va les porter à la tombe oubliée.» La servante mit la semoule et le beurre sur l'âne, s'installa sur le bât après avoir passé une corde au cou du mouton. Elle se mit en route en se demandant comment elle reconnaîtrait la tombe oubliée. Elle se rendit dans un cimetière, avisa une tombe délabrée, y attacha le mouton, y déposa le sac et le pot et revint à la maison de son maître. Celui-ci lui demanda : «As-tu fait la commission dont je t'avais chargée ? ? Oui, Sidi.» Le temps passa. Les gens du village allèrent voir le pauvre et le questionnèrent : «Ton frère a-t-il été généreux avec toi ? ? Non», répondit-il. Ils retournèrent auprès du riche et lui reprochèrent son avarice. Il s'étonna : «Mais je lui ai envoyé des vivres pour l'Aïd. Ce doit être un coup de la servante. Appelle-moi cette fille de chien.» Vint la servante. «Où as-tu mis les provisions que je t'avais confiées ? ? Tu m'as ordonné de les porter à la tombe oubliée. Je les ai déposées sur la tombe la plus désolée du cimetière.» Le pauvre avait tout entendu. Il se leva et fit ce serment : «Par Dieu, le pays où j'ai été surnommé la tombe oubliée, je n'y resterai plus. J'y reviendrai quand la fortune m'aura souri.» Il se rendit chez lui et dit à sa femme : «Prépare-moi quelque chose pour la route. Demain, je partirai. Si j'arrive à survivre, c'est tant mieux ; si je meurs, tel aura été mon destin.» Il se leva tôt le matin et se mit en route. Il marchait depuis longtemps et le soleil commençait à décliner vers le couchant, lorsqu'il aperçut une fumée devant lui. «Je vais me rendre dans cette maison là-bas. Si elle est habitée par des ogres, je serai dévoré. Si ce sont des humains qui s'y trouvent, j'aurai à manger et un abri pour la nuit.» Lorsqu'il fut près de la demeure, il croisa un corbeau qui lui demanda où il allait. Le pauvre désigna de la main la maison. «Malheureux, c'est là qu?habitent quarante ogres. Mais je vais t'indiquer comment te tirer d'affaire. Pour pénétrer à l'intérieur de la maison, tu n'auras qu'à dire : «Porte, ouvre-toi par la grâce de Dieu.» Lorsque tu sortiras, tu prononceras l'autre formule : «Porte, ferme-toi par la grâce de Dieu.» Le pauvre arriva devant la maison et prononça la formule d'ouverture. La porte s'ouvrit et il pénétra dans une vaste pièce. Il vit quarante plats de couscous, accompagnés d'autant de morceaux de viande et de cruches d'eau. Il mangea une cuillerée dans chaque plat, prit une bouchée de viande de chaque part et but une gorgée de chaque cruche. (à suivre...) Traduit de l'arabe dialectal par Zineb Ali-Benali Contes Algériens de Christiane Achour et Zineb Ali-Benali Media-Plus Algérie (1993) L'Harmattan (1989)