Haw i'adhan echeikh (le cheikh lance l'appel à la prière), c'est par cette formule que l'on annonce la rupture du jeûne, la prière lancée étant celle du maghreb ou coucher du soleil. Le jeûne du ramadan, en effet, dure toute la journée, du lever du jour au coucher du soleil. On dit encore parfois : haw yedrab elmedfa?â (le canon tonne !) en souvenir de la période où, la télévision n'existant pas, on annonçait la rupture du jeûne par des coups de canon ! Dans les campagnes et les villes de l'intérieur, c'est le crieur public, el-berrah, qui, de sa voix de stentor, annonçait le début et la fin du jeûne. Une manière d?avertir ceux qui étaient éloignés des mosquées et ne pouvaient pas entendre la voix du muezzin. Il faut dire qu'à l'époque, on n'avait pas de hauts-parleurs comme aujourd'hui ! Faire le jeûne n'est pas toujours facile, surtout en période de chaleur où on a besoin de boire. Mais souffrir, peiner fait partie de la morale du jeûne qui veut tester l'endurance et la patience des jeûneurs. Mais tous les jeûneurs ne font pas preuve de patience. Certains, parce qu'ils ont faim ou parce qu'ils n'ont pas fumé ou chiqué, s'emportent à la moindre contrariété : hadak ghalbu ramdhan, dit-on (untel est terrassé par le jeûne), une expression qui évoque le jeûne et le jeûneur sous les traits d'adversaires combattant l'un contre l'autre. Les pieux mettent en garde contre ces comportements qui, disent-ils, rompent le jeûne. Le jeûne, disent-ils encore, ce n'est pas seulement s?abstenir de nourriture et de boisson, mais aussi de toute mauvaise action, de toute mauvaise pensée et aussi de toute mauvaise parole. Ainsi, les insultes et les blasphèmes constituent des muftirat?, c'est-à-dire des actions qui invalident le jeûne ! D'ailleurs, une menace de jeûneur consiste à dire à la personne à qui il en veut : ba?âd a'êliya, rani s'ayem ! (éloigne-toi de moi, je jeûne !), ce qui veut dire «ne me pousse pas à dire ou à faire des choses désagréables» !