9e Art Le 50e anniversaire de la Révolution de Novembre 1954 est un signe de bon augure pour le retour de la bande dessinée. A l?occasion de la célébration du cinquantième anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er-Novembre, les éditions Anep rééditent les trois albums de bandes dessinées de Mohamed Bouslah : Quand résonnent les tam-tam (1982) ; La Ballade du proscrit (1984) ; Pour que vive l?Algérie (1989). Les deux derniers albums racontent l?Algérie pendant la colonisation, alors que la première histoire se situe dans les années 1930, une date commémorative du Centenaire de la prise d?Alger, donc de la colonisation de l?Algérie. Les événements qui structurent la trame du récit se déroulent à la campagne. Ils montrent à quel point la paysannerie algérienne subissait durement la crise des années 1930 : la production agricole était maigre, la fiscalité s?était accrue, et cela avait pour conséquence une augmentation du nombre de saisies par le fisc ou les créanciers et de la vente de propriétés à bas prix. La Ballade du proscrit se situe au c?ur de la guerre de Libération ; la première page s?ouvre sur le 31 octobre 1954, à la veille du déclenchement de la Révolution. Le troisième album, Quand résonnent les tam-tam, raconte l?Afrique noire qui se réveille après plus d?un siècle de colonialisme et décide de réagir contre la colonisation qui l?a spolié de ses droits, de ses richesses, de sa liberté et de son avenir. Et quand les tam-tam résonnent, c?est le signe de la guerre. Il est à noter que la BD, Pour que vive l?Algérie a été traduite en arabe. A travers ses rééditions, l?Anep renoue avec la bande dessinée, ce genre de littérature complètement disparu du paysage culturel algérien. Mohamed Bouslah fait partie de cette génération des années 1960 et 1970 qui a donné ses lettres de noblesses à la BD algérienne dans des journaux comme El-Moudjahid, Echaâb et Algérie Actualité qui ont ouvert, à lui et tant d?autres, leurs colonnes. Né en 1939 à Alger, Mohamed Bouslah, peintre, dessinateur de presse, caricaturiste et créateur de BD, s?est distingué, tout au long de sa carrière, d?un talent qui lui est propre et d?une imagination prolifique. Son talent de dessinateur s?est particulièrement illustré dans la revue de bande dessinée M?Quidèch, qui paraissait de 1969 à 1974, où il signait sous le pseudonyme de Mémed. Mais la disparition de cette revue a laissé un grand vide qui n?a jamais été comblé. L?Algérie, pionnière dans ce domaine et qui disposait du talent fantastique de nombreux bédéistes dont la renommée dépassait parfois les frontières ? tel le cas de Slim ? s?est retrouvée orpheline d?un genre artistique et littéraire qui avait atteint des sommets. C?est dans l?espoir de renouer avec le 9e art que les éditions Anep viennent de rééditer des albums qui font partie du patrimoine culturel national, tout en ?uvrant à lancer dans le bain des dessinateurs inconnus. Mohamed Bouslah, doyen de la bande dessinée, inaugure cette collection.