Pour tenter de comprendre en quoi le port quotidien de l?habit traditionnel peut affecter notre image dans la société, nous nous sommes rapprochés de Hamid Boukhedra, chercheur et sociologue. Pour lui, il n?y a aucun doute: «Nous avons fixé des normes de bonne conduite et nous éprouvons une supériorité inconsciente à nous y conformer.» La société algérienne, explique-t-il, a tendance à mépriser ceux qui ignorent ces normes ou qui suivent une voie que «nous jugeons mesquine ou blâmable». En effet, le vêtement est soumis au regard des autres donc à leur jugement. Cela dit, nous ne sommes pas libres, car, selon notre interlocuteur, les traditions et la religion s?opposent à certains comportements et modifications vestimentaires. Par ailleurs, Hamid Boukhedra attire notre attention sur un autre phénomène qui sévit dans les sociétés en voie de développement. Il s?agit de la dépendance culturelle, dont il rappelle qu?«une fois le processus de décolonisation enclenché, plusieurs pays resteront gouvernés par les élites qui ont parfaitement assimilé les modes de vie des anciens gouvernants». Une influence aussi longue et aussi profonde ne pouvait, selon M. Boukhedra, que favoriser la diffusion de la culture occidentale dans ces pays. En fait, «le costume occidental est le symbole de leur égalité avec les anciens gouverneurs coloniaux». Et d?enchaîner : « Nous éprouverons peut-être un sentiment d?infériorité inconscient envers ceux dont on copie le costume.» Si nous nous en tenons à cette analyse, nous pouvons en conclure que les sociétés industrialisées exportent vers les pays sous-développés non seulement des capitaux et des biens, mais également des valeurs et des modes de comportement vestimentaire.