Rencontre Spontané, il a dit qu?il appréciait la vue magnifique de la baie d?Alger. Les journalistes attendaient avec impatience l?arrivée de Pierre Bachelet dans la salle Sidi de l?hôtel Hilton où il devait animer une conférence de presse à l?occasion de son concert, prévu le même soir à la salle Ibn-Khaldoun. Au moment où l?on s?y attendait le moins, l?artiste entre soudainement par la petite porte de la salle. Tout de noir vêtu, un châle de même couleur autour du cou et des baskets, il lance un bonjour chaleureux en souriant, comme s?il retrouvait une bande de copains. Sans attendre les questions des journalistes, Pierre Bachelet prend la parole. «Je suis très heureux d?être en Algérie. Cela fait longtemps que j?attendais cette occasion, je ne sais pas pourquoi. Des Algériens à Paris me demandaient : ?Pourquoi vous ne venez pas chanter chez nous ??? Aujourd?hui, je suis là. Voilà tout ce que j?ai à dire. Le reste, extirpez-le moi», lance-t-il aux journalistes. Evoquant ses premières impressions sur l?Algérie, il affirme que la baie d?Alger est magnifique : «Je l?ai déjà vue sur des cartes postales, mais là, c?est merveilleux, surtout la vue des bateaux. Vous savez, je suis un passionné de la mer. Mon équipe est allée faire un tour à Alger mercredi. Mes amis ont été charmés.» Les questions commencent. Un journaliste du quotidien El-Moudjahid (un sosie de Serge Reggiani) interroge l?artiste. Mais Pierre Bachelet l?interrompt en s?excusant, pour raconter une anecdote faisant allusion aux flashs des photographes algériens. «J?animais un concert à l?Olympia à Paris, un photographe, qui était au premier rang, faisait un bruit bizarre avec son appareil photo, il me déconcentrait, je ne pouvais pas chanter aisément. Lors de la séance de dédicace, je l?ai repéré et je lui ai fait la remarque.» Pierre Bachelet, qui est doué assurément pour le métier d?acteur, imite la voix du photographe. «Il m?a alors promis qu?il ne referait jamais cela, mais j?ai eu à le supporter pendant trois semaines», raconte-t-il joyeusement, un grand sourire accroché aux lèvres. Il s?est montré durant toute la rencontre spontané, simple et modeste. Parlant de ses chansons et de leur composition, il s?exclame : «Comment fait-on pour chanter, pour composer? Tout le mystère est là. Ce sont des choses qui viennent ainsi. Là où je vais, j?entends les gens parler. Ce sont des moments pathétiques. On ne crée jamais, on n?invente rien, on copie toujours. Ce sont des choses qui nous donnent de l?élan, mais qui ne nous appartiennent pas. On les prend pour en faire autre chose. C?est toujours l?histoire de quelqu?un, d?une image?» Quant à ses succès, ses tubes et sa renommée internationale, Bachelet rétorque en toute modestie : «Je représente cette nostalgie, ce mode de vie qui disparaît à jamais.» L?artiste parle, gesticule, sourit. Des signes qui témoignent de sa simplicité et de cette aisance de communication. Il se comporte comme s?il s?adressait à des gens qu?il connaît. Il acceptera d?ailleurs volontiers de signer des autographes pour les journalistes qui ont accouru vers lui dès la fin de la conférence. Point de protocole, plutôt un flot d?émotions, de sensibilité et de confidences.